Après une pression exceptionnelle en 2024, la nuisibilité de la septoriose est nettement retombée en 2025 avec 12,2 q/ha en moyenne, soit près de dix quintaux de moins qu’en 2024. Depuis 2017 et hors année 2024, les niveaux observés restent régulièrement inférieurs à la moyenne pluriannuelle (16 q/ha). En 2025, la maladie s’est installée tardivement et a même été concurrencée par de la rouille brune, en particulier dans les Hauts-de-France. Celle-ci a été plus visible que d’habitude grâce au retrait relatif de la septoriose.
Dans cette situation de faible pression, les essais Arvalis confirment un enseignement majeur : le T2 reste le traitement pivot de la protection du blé tendre. Ni le T1 ni le T3 n’a dégagé de gains significatifs, avec des bénéfices moyens « d’à peine un quintal » dans les essais 2025. À l’inverse, l’application à dernière feuille étalée affiche un gain moyen de 12,4 q/ha, avec des situations grimpant jusqu’à 25 q/ha lorsque septoriose et rouille brune se cumulent. « Même en année calme, il fallait vraiment privilégier le T2 pour sécuriser le rendement », indique Jérôme Thibierge, ingénieur en protection intégrée des cultures – R&D maladies des céréales à paille chez Arvalis.
Résistance : une stabilité bienvenue mais à surveiller
Le réseau Performance confirme que la septoriose reste largement résistante aux triazoles. Les souches TriHR (hautement résistantes) sont présentes dans 100 % des prélèvements depuis cinq ans, avec une fréquence moyenne qui atteint désormais 70 % des populations. Les souches MDR, résistantes à plusieurs modes d’action, se maintiennent autour de 25 %, « un niveau stable depuis plusieurs années », observe Cyrille Gaujard, responsable du pôle maladies et méthodes de lutte chez Arvalis.
Côté SDHI, la situation ne se dégrade plus : les profils CarR (résistants) restent détectés dans 90 % des échantillons, mais les CarHR (hautement résistants) reculent à 65 %, avec une fréquence moyenne stabilisée entre 15 et 20 %. « Après plusieurs années de progression continue, cette pause dans la dynamique de résistance constitue une bonne nouvelle », témoigne l’expert.
Les analyses au champ confirment la pression de sélection exercée par les IDM : chaque modalité contenant une triazole augmente la proportion de souches MDR par rapport au témoin.
Miser sur le T2 et diversifier les modes d’action
Dans ce paysage où la pression maladie est faible mais la résistance toujours installée, les recommandations se resserrent. Arvalis rappelle qu’un programme efficace doit assurer une protection longue en T2, viser 4 à 5 semaines de persistance et s’appuyer sur des modes d’action complémentaires. Les années à faible nuisibilité invitent aussi à adapter la dépense fongicide. Pour le blé tendre d’hiver, elle est en moyenne de 61 €/ha en 2025, contre 77 €/ha en 2024, preuve que les agriculteurs ajustent les doses et le nombre de passages en fonction du risque réel.
Efficacité prouvée du biocontrôle en T1
L’intégration du biocontrôle en début de cycle reste un levier clé pour préserver les matières actives conventionnelles. Dans l’essai de Mormant (77), les modalités comparées ont toutes reçu la même application Kardix 0,7 l/ha en T2. L’impasse T1 obtient 46 % d’efficacité sur septoriose. En T1, Pygmalion 2 l/ha atteint 55 %, au même niveau que Juventus (56 %) et légèrement derrière Thiopron Rainfree (59 %).
À dose renforcée, Pygmalion 3 l/ha monte à 61 %. Les meilleures efficacités proviennent des associations : Thiopron Rainfree + Pygmalion 2 l/ha (65 %), puis Thiopron Rainfree + Pygmalion 3 l/ha (70 %). Dans le regroupement pluriannuel de six essais (2022-2025), l’application T2 de Kardix 0,7 l/ha sert de référence avec 51 % d’efficacité et 100,5 q/ha. En T1, Heliosoufre 3,5 l/ha obtient 67 %, soit +16 points, pour 103,6 q/ha (+3,1 q/ha). La solution prête à l’emploi (phosphonates de potassium + soufre) Aquicine duo 2 l/ha affiche une efficacité proche de 64 %, soit +13 points, et un rendement de 102,7 q/ha (+2,2 q/ha).
« Ces solutions de biocontrôle fonctionnent bien en début de cycle et n’entraînent pas de sélection de souches résistantes. C’est un levier que nous encourageons fortement », souligne Jérôme Thibierge. Toutefois, en cas de rouilles, il est nécessaire de les associer à une strobilurine ou à une triazole.
Le regroupement de trois essais 2025, conduits en l’absence d’autres maladies que la septoriose, montrent des écarts marqués entre les solutions actuellement disponibles. Les efficacités s’étendent de 40 à 63 %, avec en tête l’association mefentrifluconazole + fluxapyroxade de Revystar XL (0,9 l/ha), qui atteint 63 %. La dose réduite à 0,75 l/ha affiche 55 %. La combinaison bixafène + fluopyram + fenpicoxamide appliquée via Silvron 0,5 l /ha + Jessico One 1 l/ha suit de près avec 61 %.
Arvalis souligne le rôle clé de la fenpicoxamide, dont le mode d’action QiI reste intact face aux souches résistantes. Les programmes l’intégrant maintiennent des niveaux de contrôle, comme l’association Questar + Elatus Plus, qui atteint 51 %. À l’inverse, les solutions reposant largement sur le prothioconazole, très concerné par les souches hautement résistantes aux triazoles, reculent nettement.
Ces résultats, confirmés par les analyses pluriannuelles, rappellent que le choix du partenaire conditionne fortement l’efficacité. En situation de pression septoriose et de résistances généralisées, les associations combinant un SDHI performant et la fenpicoxamide offrent la meilleure robustesse. Elles constituent aujourd’hui les options les plus fiables pour sécuriser le T2.
La rouille brune a été plus visible qu’à l’accoutumée en 2025 en zone nord, en partie parce que la septoriose s’est montrée discrète, laissant davantage de place à son développement. Dans la synthèse des six essais menés entre 2021 et 2025, Arvalis estime l’enjeu moyen de cette maladie à 18 q/ha, pour une intensité de 43 %.
Les solutions fongicides les plus performantes sont celles qui associent les familles chimiques SDHI, triazole et strobilurine. Parmi les programmes les plus efficaces, Revystar XL 0,7 l/ha complété par Comet 200 0,35 l/ha atteint 93 % d’efficacité, positionnant ce duo comme référence du réseau. Revystar XL appliqué seul à 0,9 l/ha reste performant avec 86 %, mais l’ajout de la strobilurine améliore nettement le contrôle de la rouille.
De même, Kardix 0,8 l/ha + Quibilium 0,4 l/ha affiche 87 % d’efficacité, là où Kardix 0,8 l/ha seul plafonne à 51 %. L’écart illustre directement le poids de la pyraclostrobine dans la maîtrise de la rouille brune. Les autres associations dépourvues de strobilurine, même lorsqu’elles combinent SDHI et triazole, se situent autour de 80 % d’efficacité.





