Pour baisser de 30 % sa consommation d’énergie et de 26 % ses émissions de CO2 d’ici à 2030, la sucrerie de Boiry-Sainte-Rictrude, dans le Pas-de-Calais, a mobilisé une enveloppe de 65 M€. La majorité de ces fonds est dédiée à deux chantiers majeurs, pour décarboner les process de l’usine.
Dans la sucrerie de Boiry-Sainte-Rictrude (Pas-de-Calais), où plus de 20 000 tonnes de betteraves sont transformées quotidiennement, la campagne a démarré le 11 septembre dernier… avec un ajout de taille au paysage : une nouvelle tour de diffusion, haute de 38 mètres. Les travaux, lancés en septembre 2024, ont duré une année, permettant à la tour d’entrer en service, à plein régime, pour cette campagne. Les cossettes y sont introduites par le bas et remontent à contre-courant de l’eau chaude, brassées par un jeu de bras fixes et mobiles. La tour remplace l’une des deux installations de diffusion, par percolation du jus, en place depuis 1974. « Nous avons très bien démarré, les premiers résultats sont en ligne avec nos hypothèse de réduction de la consommation d’énergie. C’est très encourageant », se félicite Nicolas Heunet, le directeur de la sucrerie de Boiry depuis un an et demi. Avec ce nouvel équipement, les équipes du site Tereos espèrent réduire de 10 % leur facture énergétique, la tour ayant besoin de moins d’eau pour extraire la même quantité de sucre. Par conséquent, l’usine a moins d’eau à évaporer en aval, et donc besoin de moins d’énergie.
Trois corps d’évaporation en 2026
Cet aménagement s’inscrit dans un projet de décarbonation globale de l’activité du site de Boiry. De premiers investissements ont été réalisés lors de la campagne 2022-2023, pour baisser la consommation énergétique de la sucrerie. « Sur la base de ces premiers efforts financiers, 2024 a été une année record en termes d’efficience énergétique, souligne Nicolas Heunet. Nous avons accéléré cette année, et nous gagnerons encore en puissance l’année prochaine, avec le chantier évaporation. » D’autres travaux sont en effet en cours, pour installer trois nouveaux corps d’évaporation, couplés à un système de recompression mécanique de vapeur. Celui-ci permet de réutiliser la vapeur produite lors de l’évaporation en la recomprimant pour la réinjecter dans le processus. Les corps pourront ainsi concentrer les jus sucrés issus des betteraves tout en faisant fortement baisser la consommation d’énergie nécessaire, assure le directeur du site. La mise en service de ces corps est prévue pour la campagne 2026-2027. « Le chantier est situé entre la sucrerie et l’atelier de lavage des betteraves, les travaux se déroulent donc sans perturber la campagne en cours », remarque Nicolas Heunet, qui précise que la principale réduction de la consommation d’énergie aura lieu suite à l’entrée en service des corps d’évaporation. Enfin, des discussions sont en cours pour coupler une partie des procédés industriels de la sucrerie avec le réseau électrique. Cette électrification devrait permettre de réduire les émissions annuelles du site de 20 000 tonnes équivalent CO2.
Réduire de 26 % les émissions de CO2
Pour mettre en œuvre l’ensemble de ces aménagements dédiés à la décarbonation de la sucrerie, une enveloppe de 65 M€ a été mobilisée pour la période 2022-2026. La grande majorité, à savoir 50 M€, a été fléchée vers les deux chantiers majeurs de la sucrerie que sont la construction de la tour de diffusion et des trois corps d’évaporation, qui doivent « accélérer notre transition énergétique », insiste Nicolas Heunet. L’ambition affichée est, en effet, d’ici à la fin de la campagne 2026-2027, d’avoir réduit de 30 % la consommation énergétique du site, et d’émettre 26 % de CO2 en moins.
Avec 600 tonnes de pulpes déshydratées chaque jour, l’activité déshydratation de la sucrerie se porte bien. Situé à 3 km de la sucrerie, à la sortie du village de Boiry-Sainte-Rictrude, l’atelier de déshydratation des pulpes n’a pas été oublié dans le projet de décarbonation de la sucrerie. « À l’horizon 2028, nous souhaitons que cette activité ait uniquement recours à la biomasse. Cela fait l’objet de réflexions poussées en interne. Nous sommes actuellement autour de 75 % de biomasse et des essais ont déjà été réalisés avec 100 % de biomasse », explique Nicolas Heunet, le directeur de la sucrerie.





