Selon le bilan établi sur une douzaine de parcelles du Grand Est, tous les semis de début d’été 2022 ont subi des conditions difficiles. « Les levées ont été très hétérogènes en fonction du type de terre et de la date de semis. L’absence de pluie et les fortes chaleurs au cours de l’été ont freiné le développement de la luzerne et les conditions météorologiques difficiles se sont fortement ressenties tout au long de l’été », relevait Yann Martinet, directeur de Luzerne de France. Des jaunissements de jeunes pousses de luzerne dus au manque d’humidité ont été observés sur de nombreuses parcelles du réseau dès le mois d’août dernier. Si la sécheresse de cet été a ralenti le développement des semis de luzernes, elle a aussi freiné l’arrivée des maladies. Mildiou, oïdium, rouille sont rarement signalés en 2022. Les relevés montrent une faible présence d’autres maladies : pepper spot et pseudopeziza, observées sur seulement deux parcelles du réseau, avec quelques taches foliaires apparues mi-septembre au retour des pluies. Ces deux maladies ont été peu préjudiciables pour la culture. La météo très chaude a davantage profité à certains ravageurs de la luzerne, et en particulier aux sitones signalés sur toutes les zones du Grand Est. Les premiers dégâts sont apparus dès la mi-juillet et, finalement, 82 % des parcelles présentent des morsures, à intensité peu élevée. Les autres ravageurs, pucerons et apions de la luzerne, ont été très peu signalés en 2022.

S’adapter au climat

En dépit d’un été 2022 chaud et sec, la luzerne prouve qu’elle a des atouts face au changement climatique. Car elle est capable d’accepter les fortes chaleurs et la fixation symbiotique d’azote par ses racines reste possible jusqu’à 30°C. La luzerne cesse sa croissance lorsque la température passe au-delà de 40°C. Elle résiste aussi au froid : la vigueur des variétés de type nord ou de type flamand se réduit seulement en dessous de -20°C. Les sélectionneurs poursuivent la recherche de variétés plus tolérantes aux stress climatiques. « Nous nous adaptons à cette évolution en utilisant des luzernes moins dormantes, plus productives au printemps, à installation plus rapide », signale Jean-Michel Bellard, chef des ventes RAGT semences, qui commercialise les variétés RGT Dentelle et RGT Cybelle. L’indice de dormance indique la capacité de la variété à entrer plus ou moins longtemps en repos végétatif durant l’hiver. Il se traduit par un indice allant de 1 (très dormant) à 12 (non dormant). Autre obtenteur avec la variété MilkyWay, Cerience se tourne aussi vers des types génétiques moins dormants : « nous travaillons sur des variétés ayant une forte production sur les premières coupes au printemps afin de sécuriser le rendement avant les coupes estivales, qui risquent d’être plus régulièrement impactées par le stress hydrique ». note Fabien Montmeas, chef des ventes Cerience. « Les mélanges de variétés constituent également un axe de recherche afin de jouer sur les complémentarités pour une meilleure régularité de production. À ce titre, nous proposons déjà un produit en zone ouest : Alfamax, un mélange de 4 variétés au port et à la dormance complémentaire ». Pour les semenciers, l’enrobage des semences de luzerne constitue un autre levier qui sécurise l’implantation. Cerience propose deux solutions, S.A. Gold et S.A.S. Life, de micro-nutrition et d’inoculation de micro-organismes bénéfiques. Ces biostimulants peuvent, selon Cerience, améliorer la résistance au stress hydrique lors des premiers stades de la plante.