Depuis début juillet, les symptômes de la jaunisse virale se multiplient dans les champs de betteraves, a alerté la CGB dans un communiqué publié le 17 juillet. D’abord signalée en Île-de-France, en Champagne et en Centre-Val de Loire, la jaunisse s’est étendue à l’ensemble des bassins de production. Une situation qui rappelle l’année 2020, marquée par une perte de 30 % de la récolte nationale, et qui fait redouter un nouveau choc pour la filière.
En cause : une infestation exceptionnelle de pucerons, détectée dès la fin avril, malgré les mesures de prévention mises en place par les agriculteurs. « Nous avons subi une pression très forte de pucerons, noirs et verts, dès le printemps », explique Alexis Hache, président de l’ITB. « Même avec des traitements en prévention, la situation est vite devenue incontrôlable. Nos insecticides foliaires ont une efficacité limitée dans le temps et, cette année, la pousse rapide des betteraves a encore compliqué les choses. »
Du côté de la CGB, l’inquiétude monte. « Nous sommes inquiets de l’ampleur prise par la jaunisse ces derniers jours et sommes pleinement mobilisés pour la mesurer, en lien avec l’ITB », déclare son président, Franck Sander. « Depuis 2023 et l’interdiction des néonicotinoïdes, nous redoutions ce scénario, car nous ne disposons pas de moyens de lutte efficaces contre les pucerons en cas de forte infestation. »
Une impasse technique persistante
Les travaux menés depuis 2021 dans le cadre du Programme national de recherche et d’innovation (PNRI), piloté par l’Inrae, n’ont pour l’instant pas permis de développer d’alternatives satisfaisantes aux néonicotinoïdes.
« Cette année, l’infestation est plus forte qu’en 2023, même si elle reste un peu en dessous de 2020, où la sécheresse avait aggravé la situation », nuance Alexis Hache. « Ce qui frappe, c’est surtout que cela arrive partout en France. C’est généralisé. Heureusement, les petites pluies régulières apportent un peu de répit pour l’instant. »
Pour la CGB, cette nouvelle crise qui se profile relance l’urgence d’un soutien structurel à la filière. « L’adoption récente de la proposition de loi « Contraintes » devrait nous permettre de renforcer les moyens de lutte contre cette maladie à l’avenir », estime Franck Sander. « C’est une nécessité pour pérenniser notre filière. »
Les betteraviers sont maintenant suspendus à la décision du Conseil constitutionnel, qui devrait se prononcer d’ici le 10 août.