Le rendement betteravier européen moyen devrait atteindre les 74,8 tonnes/hectare, en hausse de 2 % par rapport à la moyenne quinquennale, selon le rapport mensuel daté du mois de juillet de la Commission européenne. Les betteraves ont généralement été semées très tôt au printemps 2025 dans les principaux pays producteurs de sucre européens. Après un printemps sec, les pluies abondantes du début de l’été laissent présager de bons rendements.
Dans les quatre grands pays sucriers européens (ceux qui produisent plus de 1 Mt de sucre par an), trois pays – la France, la Pologne et les Pays-Bas – devaient enregistrer un rendement supérieur à la normale (voir la carte). Les rendements devraient être supérieurs de 7 % en Pologne, 5 % en France (même si l’on ne mesure pas encore l’impact qu’auront les attaques de la jaunisse) et 4 % aux Pays-Bas. En revanche, l’Allemagne est partie pour faire une contre-performance, avec un rendement en baisse de 5 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les betteraviers d’outre-Rhin sont en effet touchés de plein fouet par le syndrome des basses richesses (SBR/stolbur).
Au sud-est de l’Europe, la croissance des betteraves a été impactée par un déficit pluviométrique persistant et des températures élevées, en particulier en Hongrie, Roumanie et Bulgarie, et de façon plus atténuée au sud de l’Espagne. Des réductions de rendements sont prévues dans ces pays.
Production de sucre prévue en baisse de 8,1 % dans l’UE
Dans ses premières estimations du mois de juillet, la Commission européenne prévoit une baisse de 8,1 % de la production de sucre dans l’UE à 27, qui passerait de 16,56 millions de tonnes l’année dernière à 15,21 Mt pour la campagne 2025-2026.
Cette estimation repose sur une diminution de 10,6 % de la superficie consacrée à la betterave, qui passerait à 1,352 million d’hectares, et sur un rendement sucrier de 11,3 t/ha dans l’ensemble de l’UE, soit légèrement supérieur au rendement de 11 t/ha enregistré en 2024-2025.
Pour la France, la Commission européenne estime la production de sucre à 4,29 Mt sur la base d’un rendement de 12,5 tonnes par hectare, et pour l’Allemagne à 4 Mt, sur la base d’un rendement de 11,7 tonnes par hectare. La France retrouvera donc la première place en Europe après l’avoir perdue l’année dernière.
Surfaces européennes en baisse de 10,6 %
La baisse de la production européenne est principalement due à la réduction de la superficie dans les 17 pays de l’UE où la betterave sucrière est cultivée.
En France, avec -3,2 %, la baisse est nettement inférieure à la moyenne européenne, passant de 355 307 ha en 2024 à 343 865 ha en 2025 (soit une variation de -11 442 ha). À noter que cette surface estimée par la Commission européenne est celle destinée au sucre, puisque plus de 50 000 ha sont consacrés à la production d’éthanol carburant.
Avec une baisse de 11,8 % par rapport à l’année précédente, la superficie consacrée à la betterave en Allemagne devrait tomber à 345 206 ha en 2025, contre 391 399 ha en 2024.
Le troisième pays sucrier européen, la Pologne, baisse également ses surfaces de 15 415 ha, soit une diminution de 5,69 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre les 258 596 ha. La betterave aux Pays-Bas diminue de 7,5 % à 80 000 ha. Parallèlement, la baisse enregistrée en Belgique est dans la moyenne de l’UE, avec une diminution de 10,1 % pour atteindre 51 600 ha.
Les pays qui ont enregistré les plus fortes baisses en pourcentage de la superficie consacrée à la betterave sucrière sont l’Autriche (-17 000 ha, soit -38 %), l’Espagne (-12 400 ha, soit -29 %), l’Italie (-11 190 ha, soit -37 %) et la Roumanie (-8 500 ha, soit -37 %).
La Finlande est à contre-courant de cette tendance baissière, avec une hausse de 13 % à 16 200 ha en 2025.
Compte tenu de la baisse de la production de l’UE et d’un stock initial plus faible par rapport à la campagne actuelle, Bruxelles prévoit une augmentation des importations pour couvrir une demande qui restera stable. Quant aux exportations, elles diminueront par rapport à 2024-2025.
Avec 4,58 millions de tonnes de sucre produites en 2024-2025, la filière betterave confirme sa solidité et maintient la France au rang de premier producteur européen et de deuxième producteur mondial de sucre de betterave, derrière la Russie. Ces volumes rapprochent la filière de son niveau de 2019-2020 (4,9 Mt), avant la chute liée à l’épidémie de jaunisse virale.
Selon le Panorama 2024-2025 publié en juillet par Cultures Sucre, la campagne a permis la récolte de 32,9 millions de tonnes de betteraves sur 411 770 hectares, cultivés par 23 000 planteurs.
Cette performance est d’autant plus remarquable selon Culture Sucre qu’elle intervient dans « un contexte économique, politique, climatique et international globalement défavorable ».
S’y ajoutent les défis de la décarbonation et la nécessité de maintenir la compétitivité face à la concurrence européenne et mondiale.
Au-delà du sucre, la betterave fournit aussi de l’alcool agricole, du bioéthanol, des pulpes pour l’élevage. Autant de débouchés qui renforcent son poids économique et stratégique.
Comme le souligne Philippe Reiser, directeur général de Cultures Sucre : « La filière betterave-sucre-éthanol est au cœur de nos territoires. Elle constitue un atout de souveraineté à la fois alimentaire, énergétique et sanitaire. »