« Certains betteraviers ne se reconnaîtront pas dans le rendement moyen français », a déclaré Cyril Cogniard, lors de la réunion annuelle de la CGB Champagne-Bourgogne, qui a réuni 230 personnes le 2 septembre à la Foire de Châlons. « En Champagne, des agriculteurs vont perdre 50 % de leur récolte. Cela va être une vraie catastrophe », a renchéri le président de la CGB, Franck Sander. Dans cette ambiance morose, le syndicat a donc voulu tirer le bilan du parcours chaotique de la loi Contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur. « Quel été humiliant et traumatisant… Quelle honte », c’est exclamé Cyril Cogniard en évoquant la censure de l’article 2 de la loi Duplomb par le Conseil constitutionnel.
Un texte courageux
Lors de la table ronde, Bruno Cardot, betteravier dans l’Aisne et communicant en agriculture, a questionné le sénateur de la Meuse et coauteur de la loi. « C’était un texte courageux pour notre agriculture », a estimé Franck Menonville en racontant la genèse du texte qu’il a rédigé avec Laurent Duplomb.
À la question de Bruno Cardot : « qui met la pression sur nos fermes ? », Franck Menonville a répondu : « c’est multifactoriel, quand on a mis le principe de précaution dans la Constitution, on a mis en route une machine infernale ». Pour stopper « cette folie », Géraldine Woessner, rédactrice en chef du pôle environnement du journal Le Point, propose de réintroduire la notion de bénéfice-risque dans la Constitution. « Le principe de précaution, c’est le principe de la trouille. C’est une folie. » Et de déplorer : « Nous avons franchi un palier cet été sur le mensonge. On a balayé la science. Faire signer 2 millions de personnes, c’est facile quand on agite la peur sur la santé. Cet été, on a vu piétiner la démocratie et la raison. »
L’avocat défenseur de la cause agricole, Timothée Dufour, a prôné le dialogue au niveau des territoires. « Oui mais avec des gens intellectuellement honnêtes », a répondu Géraldine Woessner.
Que faire maintenant ? Franck Sander a souligné que la loi Duplomb permet d’indemniser les agriculteurs. « Nous demandons que l’ensemble des agriculteurs soient indemnisés à la hauteur du préjudice, a martelé le président de la CGB. Nous sommes dans une impasse technique et ce n’est pas l’agriculteur d’en porter la responsabilité. On demande davantage de moyens sur la recherche pour trouver des solutions. Et oui, il faudra reproposer un projet de loi. »
Franck Menonville n’a pas exclu de proposer « un texte court, d’un article sans doute, mais avec un encadrement plus temporaire et ciblé ». Le sénateur de la Meuse relève d’ailleurs que « le Conseil constitutionnel a une approche assez équilibrée. Il nous a donné quelques clés pour adapter notre texte. »
En attendant, il n’y aura pas d’acétamipride l’année prochaine. Face à la jaunisse, il ne reste plus qu’un seul passage de Teppeki autorisé pour 2026. « Comptez sur la CGB pour obtenir une nouvelle dérogation pour le Movento, la mise en marché du nouvel insecticide de BASF Axalion et de la flupyradifurone », a conclu Cyril Cogniard.