Des installations et des infrastructures vieillissantes, des réseaux logistiques pas toujours fiables… C’est le triste constat dressé par La Coopération agricole Métiers du grain, lors d’une conférence de presse organisée le 24 septembre. « Nous avons besoin d’un véritable choc d’investissement », résume Antoine Hacard, président de la section Métiers du Grain. Celle-ci travaille depuis deux ans à l’élaboration du plan « Infrastructures 2030 », présenté comme un plan de résilience et de modernisation des organismes stockeurs. « Il nous reste globalement à estimer le coût de la rénovation et de la modernisation des infrastructures, et à faire inscrire ce plan dans un guichet de l’État. Notre objectif est clair : faire reconnaître nos infrastructures de stockage agricole comme intérêt stratégique de la Nation », précise Antoine Hacard. Un chiffrage des besoins en financement pour les quinze prochaines années devrait être présenté au prochain Salon de l’agriculture (2026).
Moderniser la logistique fluviale
Pour illustrer les besoins de modernisation de la chaîne logistique, le président de LCA Métiers du grain rappelle que l’avarie, durant l’été 2025, à l’écluse du Coudray-Montceaux (91) sur la Seine, avait causé un fort ralentissement du trafic fluvial en pleine moisson. Par ailleurs, « une véritable incertitude concernant l’engagement effectif des pouvoirs publics » demeure pour plusieurs projets avec, en premier lieu, la mise en service du Canal Seine Nord Europe. Celle-ci a été reportée de 2030 à 2032 et un audit a été lancé par la Chambre régionale des comptes sur l’impact de sa mise en place, dont les résultats sont attendus de manière imminente. « Pour les coopératives, ce canal est structurellement gage de compétitivité, notamment sur le marché belgo-hollandais », précise Antoine Hacard.
Création d’un fonds début 2026
En parallèle de cet effort sur les infrastructures, La Coopération agricole annonce le lancement d’un fonds, Coop Agri, au cours du premier semestre 2026. Doté de 300 millions d’euros, il sera dédié à l’innovation agricole. « Nous avons aujourd’hui des fonds propres limités et nos trésoreries sont fragilisées. Sur les trois prochaines années, au moins 10 milliards d’euros devront être injectés dans nos territoires. Ce fonds est un outil financier inédit qui pourrait renforcer nos coopératives en fonds propres. Il sera obligataire et de long terme, et doit donner aux coopératives les moyens d’investir », résume Antoine Hacard.
Stocks stratégiques
Enfin, en ce qui concerne l’échelon européen, LCA rejoint les revendications exprimées par l’AGPB le 16 septembre, notamment sur la levée des taxes antidumping pour les engrais venant des États-Unis, la mise en place d’un moratoire sur le mécanisme d’ajustement du carbone aux frontières (MACF), ou encore la constitution de stocks stratégiques. « Pour stocker ces grains, il faut des infrastructures modernes et adaptées », appuie Antoine Hacard.