« Pourquoi faire venir du sucre de l’autre bout du monde, alors qu’on produit le meilleur chez nous ? » Voilà l’un des messages que l’on pouvait lire sur les pancartes accrochées au-devant des centaines de tracteurs, qui avaient fait le déplacement vers Bruxelles, le 18 décembre. L’ensemble des syndicats agricoles appelaient vivement à la mobilisation générale depuis plusieurs semaines, sur trois enjeux prioritaires : la baisse du budget de la Pac et la menace d’une renationalisation de son fonctionnement, l’accord de libre-échange avec le Mercosur et la mise en œuvre, le 1er janvier 2026, du mécanisme d’ajustement carbone frontière (MACF) pour les engrais. « 10 000 agriculteurs sont annoncés, dont 4 000 français, c’est du jamais vu depuis dix ans », soulignait, en amont de la mobilisation, Franck Sander, le président de la CGB. De nombreux Belges et Italiens étaient également présents, ainsi que, de manière plus surprenante, un tracteur irlandais, arrivé en bateau à Dunkerque. Sur les routes, certains tracteurs s’étaient mis en chemin dès le milieu de la nuit pour rejoindre la capitale belge. Les agriculteurs les plus éloignés étaient pour leur part appelés à se mobiliser dans leur région.
« Le combat continue »
La date de cette journée de mobilisation n’avait pas été choisie au hasard, une réunion des chefs d’État européens étant prévue ce jour-même, notamment pour aborder la question du Mercosur. « Le président de la République doit prendre la parole pour exprimer son hostilité », indiquait Hervé Lapie, le secrétaire général de la FNSEA, lors d’une prise de parole devant la presse, deux jours avant la mobilisation. Dans une vidéo diffusée sur son compte X (ex-Twitter), Emmanuel Macron a assuré que « le compte n’y est pas » et que « la France ne fléchira pas ».
Quant à l’aménagement de la taxe carbone sur les engrais, annoncé la veille par Stéphane Séjourné, le commissaire européen chargé du marché intérieur, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, la FNSEA et ses associations spécialisées ont fustigé, dans la foulée, une « provocation » de la Commission européenne. « Nous dénonçons une opération de communication cynique relevant du « bidouillage » d’indicateurs qui conduira à la ruine des exploitations ». À l’issue de cette journée de manifestations, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a appelé à poursuivre la mobilisation : « nous ne sommes pas seuls, le combat continue ! »




