Olivier Crassard, analyste de marché, groupe Sucres & Denrées : « La Russie est devenue un exportateur net »
Olivier Crassard a rappelé les causes de la chute du marché mondial du sucre. « L’environnement de prix élevés d’il y a deux ans a eu un double impact : une augmentation des surfaces cultivées – notamment en Thaïlande, en Chine et en Inde – et une augmentation des capacités de cristallisation au Brésil. De plus, d’excellentes conditions climatiques ont contribué à une forte production ». Nous sommes passés d’un déficit d’environ 5 millions de tonnes à un surplus équivalent.
« En situation de surplus, les prix de l’énergie jouent un rôle important, puisque les Brésiliens font un arbitrage entre la production de sucre et celle d’éthanol. Si le prix du pétrole baisse, le prix de l’éthanol risque de baisser, impactant ainsi le prix du sucre. »
L’Ukraine a augmenté sa production de sucre, mais la perte des débouchés sur l’Europe (limitées à 100 000 tonnes cette année, contre 500 000 il y a deux ans) l’a forcée à se repositionner sur le marché mondial. Aujourd’hui, l’Ukraine cible principalement les marchés méditerranéens (Liban, Libye). La Russie a également augmenté sa surface de betteraves (1,1 à 1,2 million d’hectares) et produit environ 6 à 7 Mt de sucre, ce qui en fait un exportateur net. La Russie exporte massivement vers l’Asie Centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan), au détriment du sucre brésilien dans ces régions.
Olivier Josselin, responsable filières et références, FDSEA Conseil : « Malgré les risques, la culture de la betterave est historiquement bien rémunérée »
Olivier Josselin constate une forte augmentation des charges des exploitations de grandes cultures. Alors qu’elles étaient historiquement stables, elles ont augmenté d’environ 124 € par hectare et par an depuis 2022, soit une augmentation d’environ 600 € en quatre ans.
Quant aux charges de structure, elles ont augmenté de 80 € par hectare par an.
En 2020, année de jaunisse et de rendements faibles, les coûts de production de la betterave étaient de 36 €/tonne, mais le marché ne payait qu’environ 25 €, entraînant une contribution négative de -692 €/hectare au résultat de l’exploitation. En 2023, le marché a suivi l’augmentation des charges en payant la betterave 48 €/t pour un coût de production à 35 €/t. « Cela a sauvé le résultat en 2023 : un hectare de betterave a contribué au résultat à hauteur de 1 100 € ».
Malgré les risques, la culture de la betterave est historiquement bien rémunérée. En moyenne sur six ans, la betterave laisse une contribution de 700 €/ha (incluant la rémunération du travail de 400 €). Cette moyenne est nettement supérieure à celle des autres productions (environ 200 €/ha en moyenne).





