Les prix du colza en Europe, qui avaient grimpé jusqu’à 490 €/t – sans franchir la barre des 500 €/t espérés – vont donc finir l’année autour de 482 €/t. C’est le cours affiché sur le FOB Moselle le 16 décembre, la graine rendue à Rouen étant un cran en dessous, à 476 €/t (contre 485 €/t il y a 15 jours). Sur Euronext, les traders du marché à terme préfèrent temporiser : 475 €/t pour l’échéance de février, 467 €/t en mai et seulement 452 €/t en août ! Un pessimisme qui interroge, tant les derniers mois ont montré que le marché physique savait déjouer les anticipations.
Les cours de la graine de tournesol restent également à leur plus haut niveau de l’année, à 634 €/t quand ils étaient à moins de 550 €/t de juin à octobre. En toile de fond, une récolte ukrainienne à moins de 10 Mt, qui joue sur l’équilibre du marché, et la production mondiale stagne à 52 Mt, selon les derniers chiffres de la Commission européenne. Tant que les cours du pétrole, des huiles et des biocarburants restent bien orientés, les prix des oléagineux en Europe devraient conserver leur socle.
Le tableau est plus contrasté pour la graine de soja. En novembre, le président Trump avait affirmé avoir mis fin à la guerre commerciale qu’il livre à la Chine. Sans révéler le contenu précis de l’accord, les Chinois se seraient engagés à acheter 12 Mt de soja aux États-Unis en 2025, puis 25 Mt les années suivantes jusqu’en 2028. L’annonce avait électrisé les marchés, propulsant les cours à Chicago à 425 $/t, alors qu’ils stagnaient depuis des mois entre 370 et 390 $/t.
Mais le soufflé est vite retombé et la graine de soja se négocie à nouveau à des prix inférieurs à 400 $/t. Les achats chinois restent très faibles et l’objectif des 12 Mt est hors de portée. Le Département de l’Agriculture américain lui-même acte une stagnation des exportations américaines. Il faut dire que l’offre mondiale déborde : 420 Mt, dont 175 Mt pour le Brésil et 115 Mt pour les États-Unis. L’Argentine brade ses volumes pour soulager une économie exsangue, et la Chine n’est sans doute pas mécontente de résister à Trump en trouvant partout les volumes dont elle a besoin.
Le président américain ne pouvait rester sourd aux réactions des fermiers qui ont voté pour lui en masse, mais qui se sont appauvris avec la fermeture du marché chinois. En réaction, il vient d’annoncer des aides massives de 12 milliards de dollars, dont une grande partie ira aux producteurs de soja, qui estiment leurs pertes à 35 milliards de dollars. Lors de la première guerre commerciale de 2018, l’administration Trump avait dû soutenir l’agriculture à hauteur de près de 100 milliards de dollars. Le feuilleton des aides américaines n’est sans doute pas à son terme, et ne sera pas sans effet sur l’offre et les prix mondiaux des oléagineux en 2026.





