La méthode établit les règles de conduite et d’évaluation de projets. Ceux-ci engageront des exploitations de grandes cultures dans l’adoption de pratiques limitant les émissions de gaz à effet de serre et/ou favorisant le maintien ou l’augmentation du stock de carbone des parcelles. Les principes de fonctionnement de projets qui entreront dans ce label ont été présentés dans le Betteravier français n° 1121. La méthode est actuellement en cours d’accréditation auprès du ministère de la Transition écologique.

Une méthode rigoureuse

La méthode sera mise en œuvre dans le cadre de projets faisant appel à un financeur, et conduits sur une durée de cinq ans. Compte tenu de cet engagement financier, et pour garantir l’atteinte des objectifs du dispositif de réduction de l’empreinte carbone des exploitations, la méthode respecte différentes règles : elle demande aux projets d’assurer une « additionnalité » par rapport aux autres dispositions réglementaires ou contractuelles. L’enjeu est de s’assurer que les pratiques mises en œuvre ne sont pas déjà complètement financées par des dispositifs d’aide, ou d’application réglementaire obligatoire. La méthode est applicable sur tout ou partie de la sole de l’exploitation, mais des contraintes s’imposent dans le cas d’une implication limitée à un ou à quelques systèmes de culture, afin d’éviter des effets de transfert entre soles, dans et hors projet. Plus généralement, les actions menées doivent être vérifiables : les données, qui seront collectées et présentées lors de l’audit qui validera in fine le respect des engagements du projet, sont listées.

La méthode grandes cultures porte sur un domaine bien circonscrit, sans chevauchement et en cohérence avec d’autres labels qui jouxteront celui-ci (voir figure 1). Cette complémentarité de labels ouvre la possibilité d’engager des projets qui mettront en œuvre à la fois des évolutions de systèmes de culture et de pratiques, et des transformations d’aménagements parcellaires par exemple, ou encore des unités de méthanisation.

Une large gamme de leviers

Le cœur du travail des rédacteurs, et la partie centrale de la méthode, sont de proposer un ensemble de moyens pour parvenir aux objectifs des projets bas carbone, ainsi que les méthodes d’évaluation les plus précises. Elles vont viser soit la réduction des émissions de gaz à effet de serre, soit le maintien ou l’accroissement du stock de carbone du sol des parcelles (figure 2).

Le potentiel majeur de réduction des émissions de gaz à effet de serre réside dans la limitation de dose de fertilisation minérale azotée, à l’échelle du système de cultures. En effet, elle se traduira par une réduction des émissions directes (sous forme de N2O), mais aussi des émissions indirectes en amont (fabrication de l’engrais), ou induites par les pertes liées à la volatilisation et au lessivage. Les économies d’apports seront obtenues par l’introduction de légumineuses en cultures principales (double effet d’une culture sans apport et de restitutions qui bénéficient à la culture suivante), par des couverts de légumineuses en interculture, par des choix de couples précédents-suivants qui valorisent l’azote disponible sans pertes, par l’insertion de cultures non légumineuse mais peu exigeantes en azote. La substitution d’azote minéral par des formes organiques n’aura qu’un intérêt limité ici, dans la mesure où ces formes génèrent aussi des émissions de N2O, ainsi que des pertes. D’autres mesures visent le stockage de carbone, en augmentant les quantités et en systématisant l’enfouissement de résidus de récolte (les feuilles de betterave y contribuent) et de couverts végétaux, par des apports organiques, et en privilégiant les composts ou l’insertion de cultures comme la luzerne. Une évaluation globale de l’ensemble de ces actions est nécessaire, avec des outils et des modèles dédiés, car elles peuvent entraîner des effets contradictoires dont il faut établir le solde.

Les co-bénéfices, atouts complémentaires des projets

Les concepteurs de projets mettront en avant des effets positifs hors bilan carbone, qui peuvent être apportés par des évolutions de pratiques, et qui pourront être valorisées par le financeur. Ces co-
bénéfices sont proposés dans la méthode, ainsi que leurs modes d’évaluation spécifiques.

CE QU’IL FAUT RETENIR

La méthode LB-BC établit un cahier des charges complet pour des projets bas-carbone en grandes cultures.

Elle s’articule avec d’autres méthodes labellisées pour des exploitations d’élevage ou d’autres modes de réduction d’empreinte carbone.

Elle propose différentes voies que le porteur de projet et les exploitants pourront choisir.

Elle définit aussi un suivi rigoureux des conduites des cultures pour valider leur mise en œuvre.