Attendu depuis plusieurs semaines, le rapport d’étape de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur l’utilisation des néonicotinoïdes et leurs alternatives en grandes cultures, a été publié le 5 mars. L’agence souligne que ses travaux « n’ont pas mis en évidence d’effet nocif pour la santé humaine », dans le respect des conditions d’emploi fixées dans les autorisations de mise sur le marché. L’Anses estime qu’une attention particulière doit être portée au thiaclopride, (NDLR : non utilisé en enrobage de semences, selon l’ITB) dont l’emploi s’est accru de façon importante au cours de la période 2010-2015, et recommande, compte tenu de son caractère dangereux, de réduire au maximum les usages de produits à base de cette substance dès 2018. Concernant les solutions sur betteraves, pour combattre les ravageurs, « aucune alternative non chimique suffisamment efficace et opérationnelle n’a été identifiée », souligne l’agence dans son étude. Une conclusion qui est partagée par les professionnels. « L’Anses confirme qu’il n’existe pas à l’heure actuelle d’alternatives équivalentes aux néonicotinoïdes en termes d’efficacité, de durabilité, d’opérationnalité et de praticité pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse virale », a indiqué l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) dans un communiqué du 6 mars.

Le rapport final est attendu pour l’été
L’AIBS partage également les conclusions du rapport de l’agence européenne Efsa, publiées le 28 février. « Planteurs de betteraves et fabricants de sucre prennent acte du risque potentiel identifié par l’Efsa pour les pollinisateurs visitant une culture succédant, dans la rotation, à une betterave, quand cette dernière a bénéficié d’un traitement à base de néonicotinoïdes en enrobage de semences », indique l’interprofession. Elle rappelle que « la betterave sucrière, plante récoltée avant floraison et non attractive pour l’ensemble des insectes pollinisateurs, ne présente pas de risques avérés pour ceux-ci ». Par ailleurs, « dans 94 % des situations, la culture suivante est une céréale, plante elle-même non attractive », ajoute l’AIBS. Dans son communiqué, l’interprofession rappelle qu’en cas d’interdiction des néonicotinoïdes, « les pertes potentielles en rendement sont considérables, pouvant aller jusqu’à 50 % dans certaines régions ». Les professionnels de la filière espèrent être entendus et bénéficier d’une dérogation dans le temps, afin que les recherches de solutions alternatives en cours puissent aboutir. Pour mémoire, la loi « Pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » du 8 août 2016 prévoit l’interdiction de l’utilisation des produits phytosanitaires contenant des néonicotinoïdes à compter du 1er septembre 2018. Elle prévoit également que des dérogations puissent être accordées jusqu’au 1er juillet 2020. Le rapport final de l’Anses sur l’évaluation des alternatives chimiques et non chimiques à l’usage de préparations phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes sera publié au deuxième trimestre 2018.

A. C.