La rhizomanie est une maladie virale causée par le virus des nervures jaunes et nécrotiques de la betterave (Beet necrotic yellow vein virus, ou BNYVV). Elle est transmise par un protozoaire du sol, Polymyxa betae, parasite obligatoire de la racine. Le terme de rhizomanie, qui signifie littéralement « démence racinaire », tire son nom de la prolifération anarchique du chevelu racinaire souvent observée sur les betteraves contaminées.

Des symptômes très caractéristiques

Les betteraves malades présentent une réduction importante de la taille de la racine (nanisme) avec un étranglement du pivot en forme de verre à pied, très typique de la rhizomanie. La formation d’un chevelu de radicelles brunes et blanches («barbe poivre et sel») et le brunissement des faisceaux vasculaires sont des symptômes assez fréquents bien que non systématiques. Dans les cas les plus sévères, le pivot se nécrose totalement et le développement de la racine est stoppé. Les parcelles infestées par la rhizomanie se repèrent très facilement en culture irriguée par des foyers vert clair où la végétation est dépressive. En effet, les dégâts causés à la racine provoquent un déficit hydrique des parties aériennes de la plante, ce qui induit un retard de croissance et un flétrissement des feuilles aux heures chaudes de la journée. Dans de rares cas, des symptômes systémiques apparaissent : une décoloration du feuillage nettement plus marquée le long des nervures des limbes, qui a donné son nom au virus.

La résistance Rz1 insuffisante en zones à forte pression rhizomanie (FPR)…

L’utilisation de variétés tolérantes à la rhizomanie représente toujours l’unique solution de lutte contre ce virus, et ce depuis 1985, avec Rizor, première variété tolérante commercialisée. En France, depuis 2008, 100 % des variétés cultivées sont tolérantes à la rhizomanie. Il existe 2 niveaux de résistance variétale à la rhizomanie procurés par 2 gènes majeurs : Rz1 et Rz2. Dans la plupart des situations, la simple résistance Rz1 est suffisante. Mais dans les régions Centre-Val de Loire et au sud de l’Île-de-France, des contournements de résistance sont apparus dès 2006 et les zones touchées ne cessent de s’étendre (voir carte). La pression de sélection sur le virus dans ces régions est en effet très forte, car il s’agit de zones irriguées, où les variétés mono-résistantes ont commencé à être implantées il y a plus de 30 ans et où les rotations étaient traditionnellement courtes. De plus, la présence d’une souche virale particulièrement agressive, le pathotype P, a été diagnostiquée. Celle-ci contourne plus facilement la résistance Rz1 et provoque des symptômes exacerbés.

… impose d’implanter des variétés double-résistantes

Dans ces zones à forte pression rhizomanie (FPR), l’utilisation de variétés possédant deux sources de résistance (Rz1 et Rz2) permet pour l’instant de maintenir des rendements élevés. En 2018, on estime entre 18 et 19 000 ha les surfaces FPR implantées avec des variétés double tolérantes, soit 2 fois plus qu’en 2011. La complexité de mise en oeuvre de moyens de lutte agronomiques ou prophylactiques contribue en effet à la dispersion des variants résistants du virus sur le territoire et expose les zones betteravières à de futurs risques de contournements de résistances. Quelques cas de parcelles présentant des symptômes de rhizomanie sur une variété Rz1 Rz2 ont été observés cette année. Des analyses approfondies sont en cours avec le sélectionneur afin d’en déterminer la cause.

Institut technique de la betterave (ITB)