La remontée des cours mondiaux, initiée avant l’entrée en campagne 2019-2020, se poursuit : le sucre brut frôle désormais les 14,5 cts/lb. La hausse est encore plus prononcée pour le sucre blanc, qui a franchi les 400 $/t à la clôture du 20 janvier dernier (échéance mars 2020).

Les fondamentaux commencent à être à l’œuvre, accompagnés par des positions à l’achat des spéculateurs, pour la première fois depuis 2017. Il faut dire que le déficit annoncé en 2019-2020 devrait être historique, à plus de 10 Mt. Certes, les stocks mondiaux restent conséquents en ce début de campagne 2019-2020, mais ils sont très inégalement situés : 20 % des stocks mondiaux se situent en Inde, et les stocks chinois et européens se trouvent au plus bas. Ils seront du reste historiquement bas dans le monde en fin de campagne, autour de 36 % de la consommation !

La vigilance reste assurément de mise car, à partir d’avril, le Brésil pourra allouer davantage de canne au sucre qu’à l’éthanol si le marché du sucre se reprend. Néanmoins, la demande en éthanol du pays reste forte et les prix de l’éthanol hydraté y sont, d’ailleurs, actuellement supérieurs de 32 % (en réal) à leur niveau d’il y a un an.

Toujours est-il que, avec l’euro faible et la prime européenne, ce niveau de marché mondial actuel permet un prix sortie sucrerie française autour de 340 à 350 €/t, une valeur au plus haut depuis mai 2017.

On fera remarquer, tout d’abord, que cette valorisation du sucre à destination du marché mondial est supérieure au prix de novembre communiqué par l’observatoire européen de 322 €/t : le marché mondial devient plus rémunérateur que le marché européen ! Jusqu’à quand la filière européenne pourra-t-elle supporter cette situation – qu’elle s’est infligée à elle-même par des contrats de vente de sucre à prix fixe, sur longue durée ? Faire référence à des indicateurs de prix spots, dans les contrats de vente de sucre, pourrait-il éviter que cela se reproduise ?

Et, enfin, soulignons que ce prix du sucre sur les marchés à terme correspond à un équivalent prix de betterave autour de 22,5 €/t à 16 °S, hors pulpes (elles-mêmes estimées entre 1,5 et 2 €/t). À ces niveaux de prix, l’intérêt de proposer des prix de betteraves indexés sur un prix du sucre couvert sur ce marché commence à avoir du sens… et à être urgent !

Timothé Masson, CGB