Les producteurs européens et français de colza n’ont pas bénéficié, pendant l’été, d’une évolution des cours de leurs graines, contrairement aux producteurs de soja américains. Pour le colza, les prix se situent dans le couloir étroit des 380-390 €/t. Le 15 septembre, le Fob Moselle s’inscrivait à 388 €/t, le rendu Rouen à 387 €/t et, sur Euronext, les chiffres n’étaient guère différents, à 384 € pour l’échéance de novembre 2020, et 388 € pour celles de février et mai 2021. Pour l’heure, les investisseurs ne vont pas dans le sens d’une modification rapide des cours.

Ce n’est pourtant pas le niveau de la récolte européenne, à 17 Mt, et a fortiori celui de la récolte française, à 3,3 Mt, qui limitent la hausse des cours. Pour la France, le volume est inférieur de 38 % par rapport à la moyenne quinquennale et de 5 % par rapport à la mauvaise récolte de 2019. La filière s’alarme à juste titre. La Fédération des producteurs d’oléagineux réclame des moyens pour lutter contre les insectes, sans quoi ce sont 300 000 ha de colza supplémentaires qui vont disparaître. Sachant qu’avec la sécheresse, des producteurs renoncent à cultiver du colza.

Cette chute de la production n’engendre pas de hausse des cours. La crise de la Covid-19 pèse encore sur les pays et les ménages, et déstabilise les échanges mondiaux. L’euro, proche de 1,20 $, s’est renforcé par rapport à la monnaie américaine et rend les productions européennes moins compétitives. Les débouchés, comme le biodiesel à base d’huile de colza, sont sous la pression des importations, même si une mesure fiscale, qui vient d’être adoptée, renforce légèrement le cours des huiles à Rotterdam. Enfin, les cours du pétrole, habituels drivers de ceux du colza, sont en repli.

La situation en Europe contraste avec l’évolution des cours du soja à Chicago, qui ont grimpé, au cours de l’été, de 50 $ à 370 $ la tonne. C’est le prix le plus élevé depuis mi-2018, lorsque Donald Trump a lancé la guerre commerciale en annonçant une pluie de taxes sur les importations chinoises. Pour éviter une nouvelle escalade, la Chine est revenue à l’achat aux États-Unis. Certes, les volumes restent inférieurs de moitié à ceux de 2017, mais le dernier rapport de l’USDA prévoit pour 2020-2021 l’exportation de quelque 57 Mt de soja, contre 46 Mt en 2019. Une augmentation qui est en grande partie le fait de la Chine, qui devrait importer 99 Mt.

Logiquement, si les prix du soja poursuivent leur ascension, ceux du colza devraient finir par suivre. Mais avec le regain de la pandémie de Covid-19, les évolutions des marchés demeurent très incertaines.