« Avoisinant les 11 % de part de marché de la protection des plantes en 2019, la gamme de solutions de biocontrôle possède une marge de progression importante, notamment en grandes cultures », constatait récemment Denis Longevialle, secrétaire général d’IBMA France. Selon cette association, qui regroupe trente-trois sociétés, le déploiement engagé sur les fruits et légumes devrait se confirmer à l’avenir pour les cultures céréalières. D’ici cinq ans, IBMA France mise sur une quinzaine de nouveaux bioproduits destinés aux semences et sur une trentaine pour la protection en végétation.

Sur semences, des bactéries bénéfiques

Les semences constituent, pour le biocontrôle, un maillon primordial. C’est pourquoi les recherches se sont intensifiées afin d’appliquer des biosolutions dès le semis. Pourtant, jusqu’à l’année dernière, les innovations restaient peu nombreuses, mis à part des biostimulants dédiés aux semences de maïs. Un biofongicide est arrivé en 2018 sur les semences de colza, avec le traitement Integral Pro (BASF). Il a été validé par l’ensemble des semenciers, pour lutter contre la fonte des semis. Comment fonctionne-t-il ? Sa formulation basée sur une souche bactérienne (Bacillus amyloliquefaciens) permet de former un film protecteur autour des racines, qui fait barrière aux champignons pathogènes de début de cycle. Selon BASF, ce traitement de semences procure un gain de rendement moyen d’environ 4 % sur colza. Depuis l’automne 2020, Integral Pro est aussi homologué sur les semences de lin textile, contre botrytis, fusarium et phoma. BASF recommande la dose de 0,013 l/q, pour un traitement par an maximum. Integral Pro ne pose pas de problème de conservation, avec une durée de vie des bactéries sur les semences de plus de 18 mois. Sur les semences de céréales d’hiver, plusieurs projets fongicides sont en cours, en particulier chez Certis, UPL et Syngenta.

Antifusariose sur céréales

Mis à part le soufre et le Vacciplant (laminarine), utilisables au premier traitement fongicide sur blé, le biocontrôle demeure encore peu appliqué. En 2021, une nouveauté est annoncée pour la protection antifusariose du blé, avec Echiquier, fongicide de biocontrôle lancé par De Sangosse. À base de bicarbonate de potassium, en formulation SG, Echiquier s’utilise à 1 kg/ha, en association avec un partenaire fongicide qui complète le spectre sur septoriose. Multisite, non soumis au risque résistance, exempt de limite maximale de résidus (LMR), ce fongicide fonctionne à la fois sur les souches de fusarium et de microdochium. De Sangosse va le recommander sur blé tendre, blé dur et triticale au dernier traitement. Echiquier devrait coûter autour de 16 €/ha.

À plus longue échéance, on attend le nouveau biofongicide d’Amoeba, testé sur plusieurs maladies majeures du blé et de l’orge. Cette substance basée sur un micro-organisme a une efficacité potentielle sur la rouille jaune, la rouille brune et la septoriose du blé. Elle apporterait un niveau de protection de 70 à 90 % sur les rouilles, à confirmer par des essais supplémentaires. Ce biofongicide prometteur sera élaboré sous forme de partenariat avec plusieurs sociétés présentes en France.

Des antisclerotinia sur colza

Le premier antisclerotinia d’origine naturelle, Contans, est développé depuis une dizaine d’années et commercialisé par Bayer. Il contient des spores du champignon coniothyrium minitans qui détruit le sclerotinia présents dans le sol. Ce biofongicide s’applique en présemis du colza à 2 kg/ha, de préférence incorporé. Il vise les sclérotes superficiels, réduisant ainsi la pression de l’inoculum, notamment la quantité d’ascospores, source de contamination des pétales. En termes de rendement, le traitement unique de Contans conduit à des gains de rendement jusqu’à 6 à 10 q/ha en forte pression de la maladie, par rapport aux témoins non traités.

Le deuxième fongicide autorisé récemment sur colza est le Polyversum (De Sangosse), pour une utilisation à la floraison contre la sclerotinia, la cylindrosporiose et l’alternaria. Inscrit sur la liste biocontrôle, sa formulation repose sur un mycoparasite qui croît aux dépens du sclerotinia et qui stimule le système de défense de la culture. Polyversum s’utilise en association avec un fongicide conventionnel à demi-dose. Appliqué seul, son efficacité resterait trop limitée.

Bio-insecticides en test

Du côté des biosolutions insecticides, les nouveautés se font rares. À côté des trichogrammes (Bioline), microparasites de la pyrale du maïs, et du spinosad (Success4 de Corteva) sur taupins, peu d’innovations ont vu le jour en grandes cultures.
Mais la demande pour des bio-insecticides se faisant de plus en plus pressante, les sociétés phytosanitaires ont donné un coup d’accélérateur. L’américain Corteva Agriscience et le français M2i, leader dans le domaine des phéromones et attractifs piégeant les ravageurs, ont signé un accord pour concevoir de nouvelles solutions. Les deux entreprises collaborent pour mettre sur le marché une gamme complète d’insecticides biologiques, destinés à la fois aux cultures spécialisées et aux grandes cultures. L’attente est évidemment forte !