Les résultats de 2020, avec des semis difficiles, puis des levées hétérogènes, ne plaident pas en faveur des protéagineux. « Par la suite, le manque d’eau, les fortes amplitudes thermiques, les vents asséchants, ainsi qu’une très forte pression des ravageurs ont pénalisé les cultures tout au long de leur cycle », résume Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation des variétés chez Terres Inovia. Néanmoins, si le climat de 2020 a raboté les rendements, la sélection apporte une nette avancée pour le pois et la fèverole de printemps.

Sept nouveautés en pois de printemps

« Plusieurs variétés de pois expriment un potentiel supérieur à des variétés plus anciennes. La tenue de tige reste très bonne et il n’y a quasiment pas de verse dans nos essais », selon Arnaud Van Boxsom. Ces résultats ont été observés dans des conditions de stress très fortes en 2020, qui ont diminué le remplissage des grains. Au bilan, les pois Kamaleon, Kaplan, Orchestra et Kagnotte affichent en 2020 des résultats supérieurs aux pois considérés comme des valeurs sûres : Astronaute, Bagoo, Kayanne et Safran. À noter que Karpate bénéficie de rendements très stables depuis cinq ans, situés entre 103 % et 105 % de la moyenne du réseau. À cette liste s’ajoutent en 2021 six nouvelles variétés à graines jaunes inscrites l’an dernier : Batist, Skol et Symbios obtiennent les rendements les plus élevés en 2020, de +5 % à +6 % par rapport aux témoins. Leur teneur en protéines est proche de la moyenne, sauf pour Skol. Les autres pois de la cuvée 2020, Caphorn et LG Alpina, se classent aussi au-dessus des témoins en rendement et de la teneur en protéines. La variété Equinox se situe dans la moyenne. Dans la catégorie des pois à graine verte, une seule variété nouvelle a été inscrite en 2020 : Carrington, en catégorie « casserie » du catalogue. Dans les résultats du Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées (CTPS), son rendement est supérieur de +6% par rapport aux témoins graines vertes. À l’inverse, sa teneur en protéines est relativement faible, de – 3 % par rapport aux témoins.

Un quart des pois semés trop dense

Pour le pois de printemps, le choix de la densité a un impact fort sur les étapes suivantes de la culture. En effet, un semis trop dense peut déclencher le départ des maladies dans le couvert. Une forte densité va également favoriser une compétition entre les plantes pour la ressource en éléments du sol et en eau, augmentant la sensibilité de la culture aux carences et au stress hydrique. D’après l’enquête de Terres Inovia, 25 % des parcelles de l’est de la France ont tendance à être semées de manière trop dense. Le conseil reste de semer les pois à 3-4 cm avec un écartement de 12 à 35 cm. Pour les semences de ferme ou les lots bruchés, il est recommandé de tester la faculté germinative des graines avant de choisir une densité de semis optimale. Les conditions de semis ont aussi leur importance, avec sol ressuyé, aéré sur les quinze premiers centimètres. L’implantation précoce, quand cela est possible, permet au pois de mieux échapper au stress de fin de cycle. « Nous conseillons de semer tôt, de fin février à mi-mars, pour éviter à la culture les coups de chaud fin juin », relève Nicolas Latraye, ingénieur développement chez Terres Inovia Hauts-de-France.

Féverole de printemps : des nouveautés à fort potentiel

Le renouvellement génétique est aussi actif pour la fèverole, avec des potentiels prometteurs. Dans le groupe des variétés les plus cultivées, l’année 2020 a encore placé en tête Espresso, Trumpet, Tiffany, et Fanfare. Ces variétés se montrent toutefois dépassées en productivité par des inscriptions récentes. Quatre nouvelles variétés de printemps ont rejoint le catalogue en 2020. Casanova et Navara obtiennent de très bonnes performances de rendement par rapport aux témoins de +9 à +12 %. La variété Allison affiche un rendement supérieur de +2,5 % par rapport aux témoins, dans le réseau Terres Inovia. Dosis affiche un rendement de +3 % avec une teneur en protéines élevée de +2.5% par rapport aux témoins. Ces variétés poursuivent leur évaluation dans le réseau post-inscription.
Comme pour le pois, l’implantation reste une étape clé de la réussite. Si la féverole de printemps n’exige pas un lit de semences aussi fin et nivelé que le pois, elle a besoin d’un sol bien structuré et aéré en surface. Lorsque de bonnes conditions sont réunies, le semis peut débuter à partir de mi-février. Dans le cas d’une implantation précoce, les semences se positionnent à 6-8 cm de profondeur pour limiter le risque de gel en cours de germination. Pour des semis plus tardifs, la profondeur moyenne conseillée est de 5 cm : « C’est un bon compromis pour limiter les dégâts d’oiseaux et obtenir une bonne sélectivité des herbicides de prélevée », explique-t-on chez Terres Inovia. Quand un semis précoce n’est pas possible, il vaut mieux attendre que le sol soit bien ressuyé pour implanter la fèverole. La densité optimale se situe entre 40 et 50 graines/m2 mais, avec un semoir monograine, cette densité peut être réduite de 10 %.