La planète manque de blé tendre et de blé dur. Dans son dernier rapport paru le 23 septembre dernier, le Conseil international des céréales (CIC) estime dorénavant la production mondiale de blé tendre à 780,6 millions de tonnes (Mt) et celle de blé dur à 31,9 Mt. Mais la demande mondiale de ces deux céréales serait respectivement de 783 Mt et de 33,8 Mt.

Les principaux pays exportateurs puiseraient dans leurs stocks pour fournir leurs clients. Si bien qu’ils achèveraient la campagne 2021-2022 avec des stocks de report en net repli : 54 Mt pour le blé tendre (-7 Mt par rapport à juin 2021) et 6,2 Mt pour le blé dur (- 1,9 Mt).

Les quelques millions de tonnes de grains qui manquent pour équilibrer les campagnes de blés sont en grande partie celles que le Canada n’est pas en mesure de produire cette année. Sur les marchés, le pays est même contraint de jouer les seconds rôles. Le dôme de chaleur qui s’est abattu l’été dernier a détruit une grande partie des récoltes.

Cette campagne, le Canada ne pourra exporter que 21 Mt de grains, dont 17 Mt de blé tendre et 3,8 Mt de blé dur en puisant notamment 0,5 Mt sur ses stocks. L’an passé, il avait expédié 6 Mt de blé dur.

Or, le Canada exporte habituellement, toutes céréales confondues, plus de 30 Mt de grains chaque année sur les 60-65 Mt récoltées.

Un pays pivot

Sur les marchés, aucun pays exportateur n’est réellement en mesure de prendre le relais du Canada. Les tensions avivent l’inflation des cours depuis quelques semaines. Hormis l’Ukraine (33 Mt ; + 7 Mt sur un an), aucun grand pays exportateur majeur de blé ne bat un quelconque record. En Russie, la production de blé (75 Mt) se situe dans la moyenne. Le pays serait en mesure d’exporter 34 Mt d’ici la fin de la campagne, mais rien n’est moins sûr. Le gouvernement pourrait privilégier l’approvisionnement du marché russe en augmentant de nouveau sa taxe à l’exportation.

La France bien placée

Sur le marché du blé dur, la baisse des capacités d’exportation du Canada (3,8 Mt ; -2,2 Mt) se traduit par une contraction des échanges commerciaux mondiaux de 1,6 Mt. Le CIC les estime dorénavant à 7,1 Mt.

Toutefois, cette contraction ne se fera pas dans la douleur. Les pays d’Afrique du Nord n’importeraient que 1,65 Mt cette année soit, 1,15 Mt de moins que la campagne passée. Au Maroc, les paysans ont bénéficié de conditions de cultures bien plus favorables que les deux saisons passées pour produire du blé dur. Ils ont récolté 2,5 M (+1,7 Mt sur un an).

Dans ce contexte, la France exportera facilement ses blés aussi bien vers les pays voisins que hors de l’Union européenne, même si les coûts élevés de fret limitent ses ambitions commerciales. Selon FranceAgriMer, notre pays vendrait 8 Mt de blé au sein de l’UE à 27 et 9,6 Mt vers des pays tiers.

La dégradation tant redoutée de la qualité des grains est finalement modérée. La teneur moyenne en protéines du blé récolté est de 11,8 % et le poids spécifique est faible (76,1 Kg/hl en moyenne).

A l’export, le blé dur français sera aussi très apprécié. Notre pays sera en mesure de vendre 1,1 Mt à des pays tiers, soit près de 270 000 t de plus que l’an passé. 850 0000 t seront expédiées vers l’UE et 250 000 t vers les pays tiers. 80 % de la récolte de blé dur a un taux de protéines supérieur à 14%. Et, comme les autres pays exportateurs, notre pays réduira à peau de chagrin ses stocks de report (100 000t) pour répondre à la demande.