L’Organisation Internationale du Sucre (ISO) a dévoilé ses dernières estimations (1) sur la campagne en cours : le niveau mondial de production ne devrait finalement croître que de 0,3 Mt au niveau mondial, alors que l’Organisation anticipe une reprise de la consommation qui devrait dépasser les 2,6 Mt.

L’ISO anticipe une baisse de la production brésilienne sur la campagne qui ouvrira en avril prochain, dont les effets sur la campagne 2021-2022 (Oct/Sep) devraient approcher les – 4,5 Mt. S’il est encore trop tôt pour anticiper la prochaine récolte, un manque de pluie pourrait se faire ressentir avec un évènement climatique, La Niña, considéré comme de plus en plus crédible. Mais c’est surtout l’effet conjoint du pétrole élevé et de la monnaie brésilienne faible face au dollar qui sont scrutés : il faut dire qu’au cours actuel, historique, de l’éthanol brésilien, il est plus intéressant pour les sucriers brésiliens d’orienter la canne vers l’éthanol, sauf à ce que le sucre mondial dépasse les 20,5 cts/lb !

De quoi tenir les cours actuels, qui s’approchent d’ailleurs de ces valeurs. Le sucre blanc suit la tendance, et l’échéance de décembre 2022 (qui correspond aux betteraves qui seront plantées en mars prochain) reste autour de 500 $/t. L’euro poursuit sa tendance baissière face au dollar, mais l’effet est mesuré : en situation déficitaire comme l’est l’Union européenne actuellement, cela correspondrait à un prix théorique, pour l’Union, au-dessus de 530 €/t sortie usine. D’ailleurs, c’est exactement le niveau actuel des prix spots ! La filière européenne saura-t-elle en profiter en activant les possibilités ouvertes par la nouvelle loi Egalim 2 ?

Du côté des planteurs, la réunion entre la WABCG (1) et l’ISO a été surtout l’occasion de constater que les craintes liées aux difficultés d’accès aux engrais sont soulignées partout dans le monde, avec un prix multiplié par trois, presque sur tout le globe. Comment vont réagir les planteurs de betteraves et de cannes à travers le monde : vont-ils respecter les doses conseillées en engrais (s’ils en trouvent !), quitte à voir leurs coûts de production grimper, ou préfèreront-ils réduire les doses, et diminuer leurs rendements, impactant par là le prochain bilan mondial ?

Enfin, comment passer sous silence la poursuite de la folie de l’éthanol en Europe : à chaque semaine, un nouveau record ! L’éthanol dépasse les 130 €/hl sur le spot et les 90 €/hl sur l’échéance de janvier… ! Si ce débouché a permis de retirer presque 48 Mt de sucre, au niveau mondial, sur la campagne actuelle selon l’ISO, nul doute que ce volume ira encore croissant dans le futur proche !