Cette année, l’ITB a mis en place un essai en conditions réelles avec l’entreprise Alteia pour tester la détection des chardons sur la base d’un vol de drone, en vue de ne désherber que les ronds de chardons. Le chardon est une adventice invasive qui se prête bien à cette pratique car elle est relativement facile à détecter. Le produit désherbant est quant à lui assez onéreux.

Le vol du drone, équipé d’une caméra multispectrale, a été effectué au stade 10 feuilles de la betterave. Les images, ainsi que le contour de la parcelle, ont ensuite été transférés sur la plateforme en ligne d’Alteia en vue du traitement des données.

De manière automatisée, les ronds de chardons sont identifiés, puis une carte de préconisation est générée. Le diamètre des taches est volontairement agrandi automatiquement via le logiciel, afin de sécuriser la pulvérisation. La carte ainsi créée est exportée vers la console. L’agriculteur est informé de la surface à désherber et donc de la quantité de produit dont il aura besoin. Le pulvérisateur doit être en mesure de gérer des cartes de modulation. Le traitement doit être effectué au stade des betteraves et des chardons et dans les conditions climatiques optimales pour le produit.

L’intérêt économique de la localisation

Sur la parcelle d’essai, seulement 14 % de la parcelle ont reçu une pulvérisation, soit une économie de 34 €/ha (sur une base de coût de produit de 40 €/ha). Le coût du passage de drone et du traitement de données est de l’ordre de 15 €/ha.
Ce coût est indicatif, notamment selon le drone et le capteur utilisés, et selon la surface à traiter dans l’année. Soit une économie d’environ 19 €/ha en tenant compte du coût du vol de drone et du traitement d’image. Ainsi, plus la surface effectivement pulvérisée sera faible, plus l’intérêt économique de la localisation sera élevé.

Intérêt dans la rotation

Dans cet essai, les chardons ont été localisés dans la culture de betteraves, mais il est envisageable de raisonner cette pratique à l’échelle de la succession de culture. Le repérage des chardons peut être effectué dans les céréales ou lors de l’interculture. Il est aussi possible d’imaginer utiliser la carte de prescription acquise sur une culture pour traiter une autre sur laquelle il est plus difficile de détecter les adventices.

D’autres solutions de localisation de produits phytosanitaires sont ou arrivent sur le marché (par exemple basées sur des caméras embarquées sur la rampe du pulvérisateur) et permettent de pulvériser des adventices en interculture ou en culture. La précision est plus élevée, mais le coût de l’équipement reste onéreux avec également certaines contraintes techniques comme l’impossibilité d’anticiper le volume de traitement à mettre dans la cuve.

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Yohan Debeauvais, responsable ITB de la région Somme/Oise

Pour évaluer l’outil de reconnaissance développé par Alteia, nous avons choisi une parcelle possédant des taches de chardons de tailles diverses. L’outil a bien permis d’identifier les différentes zones de chardons. Pour une bonne précision, le stade des betteraves ne doit pas dépasser le stade 10 feuilles vraies.

Lors du test aux champs, la pulvérisation intervient bien sur les zones de chardons. L’efficacité de l’herbicide est identique entre la modalité en plein et en localisé. Seules deux taches de la parcelle ont connu une baisse d’efficacité, mais ceci est lié au fait que le pulvérisateur n’a pu respecter la dose d’application.

CE QU’IL FAUT RETENIR

La localisation des ronds de chardons par drone permet de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires ; l’équilibre financier de la technique dépend de la surface à traiter.

Le vol doit être effectué avant le stade 10 feuilles pour bien détecter les ronds de chardons, et les conditions d’application du produit doivent être respectées.