« Il faut arriver à tirer le bon levier pour que la machine avance », a expliqué Françoise Moreau Lalanne à propos de la loi Egalim 2, visant à protéger la rémunération des agriculteurs. Invitée lors de l’assemblée générale du Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre (GIPT) le 10 décembre, l’ambassadrice Egalim 2 du ministère de l’Agriculture s’est voulue rassurante sur la mise en œuvre de la loi au sein de la filière pommes de terre transformées. Beaucoup de professionnels estiment que le nouveau texte, qui doit entrer en vigueur dans la filière le 1er janvier 2023, peut déstabiliser les équilibres. « Il y a un risque de distorsion de concurrence avec les acheteurs étrangers qui ne vont pas être soumis aux mêmes contraintes sur la répercussion des coûts d’achats des matières premières agricoles », a déclaré Piet Vander Ghinst, ancien directeur général de Vico. Certains craignent que la loi n’amplifie le mouvement d’installation des usines de l’autre côté de la frontière. « Il faudrait que la loi oblige les distributeurs qui achètent à l’étranger à avoir les mêmes contraintes que pour les produits fabriqués en France », a souligné Christian Vanderheyden, le président sortant du GIPT, remplacé le 10 décembre par Arnaud Delacour. Face à ces craintes, Françoise Moreau Lalanne a voulu calmer les esprits. « La loi prévoit de protéger les produits faits en France grâce à la possibilité d’apposer un drapeau bleu blanc rouge », a-t-elle insisté, soulignant que « l’évolution des importations sera suivie de près par les autorités ». L’application de la loi dans le secteur va entraîner l’instauration d’indicateurs de prix et la création d’une organisation de producteurs (OP). « La réglementation autorise l’agriculteur à n’adhérer qu’à une seule OP. Nous allons créer une OP pommes de terre globale avec des sections spécialisées (NDLR : chips, frites…) », a expliqué Geoffroy d’Evry, le président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT).

Danger sur la fécule

L’assemblée générale du GIPT a été l’occasion d’évoquer un autre sujet d’inquiétude : la fécule. « La filière fécule est en grand danger. Il faut retrouver des leviers de compétitivité à la fois du côté des producteurs et des transformateurs », a souligné Arnaud Delacour. La pandémie a déséquilibré le marché et des baisses de rendement se sont ajoutées. « Nous enregistrons 40,2 t/ha en moyenne pondérée sur trois ans quand l’équilibre économique se situe autour de 50 t/ha », a souligné Bertrand Ouillon, délégué du GIPT. Les professionnels voient pourtant dans la fécule un bel avenir vers de nouveaux débouchés de matériaux biosourcés et de protéines végétales. « Nous attendons un accompagnement des pouvoirs publics », a insisté Arnaud Delacour.