Bien que les essais terrain soient plus nombreux depuis trois ans, l’impact des biostimulants reste encore complexe à mesurer. Il dépend étroitement de la météo et de l’état de la culture au moment de l’application. Si le biostimulant n’est pas placé au bon stade, l’efficacité risque de ne pas s’exprimer. C’est sans doute pourquoi les résultats peuvent être différents en fonction des conditions d’essais. Selon Arvalis, il est aussi essentiel de tenir compte du retour sur investissement de ces produits. « Pour un gain de rendement de 1 q/ha, le surcoût lié à l’application de ces produits ne doit pas dépasser 15 à 20 €/ha. Pour des gains de rendements plus importants, de 2 q/ha, ce surcoût reste acceptable jusqu’à 30 à 40 €/ha suivant le cours du marché du blé », estime Grégory Vericel, ingénieur chez Arvalis.

Sur les céréales, des effets sur l’azote

Six produits biostimulants ont été testés sur blé tendre depuis 2018 par Arvalis et ses partenaires. Sur cette liste : des champignons (Carpoès), des bactéries rhizosphériques (Megaerhiz et Rise P), des bactéries fixatrices d’azote (Free N100). Ces produits ont été appliqués à l’automne.
Si une tendance à l’amélioration du rendement s’observe pour certains, les écarts ne sont pas significatifs avec le témoin ayant reçu une fertilisation équivalente mais sans biostimulant. Dans le détail, certains produits apportent des gains moyens de rendement ; respectivement de + 1, + 1,4 et + 2 q/ha pour AgrOptim Sunset, Fertiactyl Starter et Rise P. Les biostimulants n’ont pas eu d’effet sur le taux de protéines, qu’il soit positif ou négatif. Selon Arvalis, plusieurs biostimulants ont eu pour effet d’améliorer le coefficient apparent d’utilisation de l’azote ou CAU. « C’est le cas du Fertiactyl Starter (+ 5,5 %) et du Free N 100 (+ 4,8 %). Cela signifie qu’après application de l’un ou de l’autre de ces produits, le blé absorbe une part plus importante de l’azote des engrais qu’en l’absence d’application de biostimulants », note Grégory Vericel.

Sur les oléagineux, travaux en cours

Sur le colza, les biostimulants s’appliquent à deux périodes clés : la levée et la pré-floraison. À l’automne, ils peuvent améliorer l’installation de la culture et la vigueur au démarrage, en renforçant la production d’hormones de croissance ainsi que l’absorption d’azote et de phosphore. À la floraison, les biostimulants peuvent diminuer la sensibilité de la culture à un stress, lié par exemple aux températures froides ou très élevées. L’effet est un moindre avortement de siliques et une meilleure floraison. Plusieurs biostimulants ont été lancés sur oléagineux, à base d’algues (Fertileader, Kelpak…), de levures (Smartfoil), d’acides aminés (Kaishi, Aminovital) ou d’acide humique (Humifirst). Depuis 2019, Terres Inovia poursuit des expérimentations. « Les essais sur colza, pois de printemps et soja ne montrent pas d’écarts entre les différents biostimulants et le témoin. Le coût des produits est rarement compensé par les gains de rendement observés dans quelques essais », rapporte Michel Geloen, ingénieur chez Terres Inovia. Les résultats annoncés par les fournisseurs semblent plus encourageants. Le Smartfoil appliqué à une dose de 2 l/ha au printemps apporte, selon Agrauxine, un gain moyen de 6 % en rendement sur colza pour un coût de 0,5 q/ha. Sur pois et soja, Smartfoil permet de sécuriser la phase de floraison et, selon Agrauxine, il optimise la qualité et le rendement final, avec 7 % de gain en moyenne. Afin de mieux évaluer les bénéfices potentiels des biostimulants, le projet « Biostim Colza » a débuté en 2020. Il est conduit par Terres Inovia et des partenaires pour livrer des résultats à partir de 2023.