Fécule : prometteuses protéines

Le président de l’UNPT, Geoffroy d’Evry, ne tourne pas autour du pot. Selon lui, « la filière féculière française est en danger de mort ». Tout baisse, à l’exception des coûts de production : les surfaces cultivées (prévisions à 18 000 ha) ; les rendements (moins 20 % entre 2010-2015 et 2015-2020 pour cause de réchauffement climatique, soit 10 t/ha) ; les volumes (au risque de mettre en péril les usines) ; les prix (moins 8 % sur la récolte 2021, alors qu’il faudrait « que l’on soit payé 35 % en plus pour être rentable », dixit Olivier Brasset, producteur dans l’Aisne), et le nombre de matières actives autorisées. La fécule a pourtant des motifs d’espoir : elle dispose désormais de variétés beaucoup mieux adaptées à sa production ; le marché bascule du non-alimentaire (pâte à papier) à l’alimentaire (ingrédients) et au pharmaceutique (excipients), lesquels dégagent plus de valeur ajoutée ; le marché des protéines végétales pourrait ouvrir des perspectives intéressantes aux agriculteurs, sachant que la pomme de terre féculière produit plus de protéines à l’hectare que le pois.

Transformation : la tentation des céréales

Passée la dépression provoquée par la pandémie, l’activité de transformation a retrouvé son niveau antérieur à la crise, où son taux de croissance atteignait 5 %. Sauf qu’entre-temps les coûts de production se sont envolés et que la hausse de 20 % obtenue auprès des industriels ne suffit pas à compenser l’augmentation des charges. Agriculteur dans le Nord, Bertrand Achte en décrit les conséquences : « La tentation est forte pour les producteurs de se tourner vers les céréales pour leurs assolements 2023, dans la mesure où les avances de trésorerie et les frais de mécanisation y sont beaucoup moins importants que dans la pomme de terre. »

Frais : trop d’écarts de tri

Agriculteur dans le Pas-de-Calais, Antoine Peenart observe que de nombreux producteurs sont tentés de se détourner du frais pour se reporter sur l’industrie, avec un risque induit de pertes de surfaces en frais. La raison : les trop grands écarts de tri (pommes de terre refusées par les cahiers des charges), qui passent de 5 ou 10 % en début de campagne à 20 % en fin de campagne. Les prix sont à l’avenant : ils fluctuent entre 130 et 250 €/t, quand « il faut être à 160 € pour être à l’équilibre », un paiement à 130 € ne permettant pas de couvrir les coûts de production.

Primeurs : producteurs sans défense

Le marché est stable en surfaces et en production depuis dix ans après une période d’érosion. Mais André Minguy, agriculteur dans le Finistère, indique que « le rayon fruits et légumes a souffert après le Covid ». Il souligne aussi que la lutte contre les ravageurs du sol est devenue plus compliquée depuis l’interdiction de certaines molécules. Le producteur souhaite par ailleurs que la France « devienne exportatrice de pommes de terre primeurs ». Rappelons toutefois que notre pays reste le premier exportateur mondial de pommes de terre, toutes filières confondues.