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« La désherbeuse à pneus est le chaînon qui manquait entre le passage de la bineuse et de l’écimeuse », résume Edouard Lefebvre. Cet entrepreneur de travaux agricoles de la SAS de Boncourt à Fléchin, dans le Pas-de-Calais, a immédiatement compris l’intérêt de l’outil. « Le désherbage mécanique travaille entre les rangs, voire près des rangs, avec les doigts Kress. La desherbeuse à pneus œuvre sur la totalité de la surface et sur tout ce qui dépasse des betteraves », détaille-t-il.

Le principe est simple. Un châssis sur lequel sont montées deux rangées de pneus collés inclinées à 45 degrés environ. Sur la version de 6 mètres, chaque rang compte quatre moteurs hydrauliques qui entraînent les pneus. Les autres pneus sont entraînés en cascade. La première rangée comporte 18 pneus et la seconde 16. Des doigts de caoutchouc guident les plantes à l’intersection des pneus. À l’avancement, les herbes plus hautes que les betteraves sont coincées à l’intersection des pneus, qui tournent en sens inverse. La pression exercée les soulève de terre. La deuxième rangée complète le travail de la première.

Trouver le bon créneau

Cette solution de nettoyage de rattrapage nécessite un sol suffisamment humide pour que les racines s’arrachent facilement. En cas contraire, seule la partie aérienne de la plantes est coupée. Autre impératif, avoir des adventices suffisamment développées afin que les tiges ne se cassent pas. A contrario, des plantes au système racinaire trop développé ne pourront pas être arrachées. Le début de son utilisation s’effectue souvent mi-juin.

« J’ai commandé la machine dès que je l’ai découverte en vidéo », raconte le jeune chef d’entreprise de 32 ans. Prestataire de bâchage mécanique pour Tereos et utilisateur depuis plusieurs années du bras de bâchage Klünder, il a une grande confiance dans la marque. Hermann Klünder, agriculteur allemand producteur de betteraves, conçoit les machines avec une bonne connaissance du terrain.

Pour l’agriculture biologique et conventionnelle

Tereos, séduit aussi par le concept, a passé un contrat avec la SAS Boncourt pour réaliser la prestation chez ses adhérents des Hauts-de-France, dès 2021. Au départ destiné aux betteraviers en agriculteurs biologique, le service plaît aussi aux conventionnels. « En 2021, j’ai désherbé près de 900 ha. Cette année, je devrais atteindre 1200 ha. 70 % sont des agriculteurs conventionnels », se félicite Edouard Lefebvre. L’outil apporte une solution de rattrapage pour des désherbages non satisfaisants. Avec les printemps secs, des planteurs se retrouvent avec des champs infestés de chénopodes. De plus, la machine répond aussi au manque de main d’œuvre pour ôter les betteraves montées.

L’entrepreneur facture 110 € par heure (100 € en 2021). La vitesse de travail dépend du salissement de la parcelle. Le chauffeur commence avec une vitesse d’avancement et de rotation des pneus faible. Il augmente progressivement la cadence. « L’idéal est d’avoir une vitesse de rotation des pneus proportionnelle à celle de l’avancement du tracteur », indique l’entrepreneur. Il désherbe 3 ha/heure si le champ est relativement propre et peut baisser jusqu’à 0,5 ha/ heure en cas de très fort salissement. En moyenne, pour l’année 2021, l’entreprise nordiste a désherbé à 1,5 ha/heure, avec une consommation de 15 l/heure transport compris.

Les roues tournent pour les planteurs

L’outil ne demande pas de puissance de traction. Un tracteur de 80 à 100 cv suffit. Toutefois, des masses à l’avant sont conseillées. « Nous utilisons 10 à 15 % du débit hydraulique du moteur avec un système load sensing », précise Edouard Lefebvre. Il fait varier la pression des 34 pneus de 0,6 à 0,8 bars. Plus le stade des montées est avancé, plus la pression sera importante. L’inclinaison des pneus n’est pas réglable. « Nous pouvons jouer sur le troisième point mais, en général, nous évitons afin de garder un bon équilibre entre les deux rangées de roues », détaille l’entrepreneur.

La désherbeuse à pneus Klünder est aussi disponible en 3 et 9 m. Le concept fait des émules. La société Novaxi, spécialiste du désherbage, située à Bruyères-et-Montbérault dans l’Aisne, commercialise une arracheuses de chénopodes à roue de la marque ETR A.V.T. du même principe.

Quant à Edouard Lefebvre, il envisage l’achat d’une seconde desherbeuse à pneus allemande (coût entre 35 000 et 40 000 euros). Il utilise déjà sa machine en production d’endives et de chicorée et l’a même expérimentée avec succès en lin biologique. L’outil fonctionne aussi sur les légumes (pommes de terre, oignons, carottes, betteraves rouges…). Vu la demande et le taux de satisfaction, les roues vont continuer de tourner.