« Très jeune, j’étais déjà passionné par les arbres et la forêt, raconte Jean-François Carlier, agriculteur à Cuiry-les-Viviers dans l’Aisne. J’ai fait le choix, en 2000, de créer une pépinière pour diversifier mon exploitation de 100 hectares de grandes cultures. » Parti de rien, Jean-François Carlier a commencé à acheter et à revendre des arbres fruitiers. Plus de 20 ans plus tard, avec l’arrivée de son fils Benjamin, la gamme s’est élargie : arbustes pour haies bocagères (charmes, érables, etc.), fruitiers en tous genres (pommiers, poiriers, framboisiers, etc.) et plants forestiers (chênes, châtaigniers, etc.) « Nous travaillons sur différentes espèces d’arbres pour répondre à la demande, avec des variétés connues et adaptées localement, précise Benjamin. Actuellement, nous produisons nos plants sur un demi-hectare. J’ai envie de dynamiser cette activité et de développer davantage la production d’arbres fruitiers et de variétés anciennes. Avec une surface plus grande, nous pourrions aussi investir dans une bineuse pour réaliser du désherbage mécanique et limiter le désherbage manuel».

Une traçabilité sans faille avec la marque Végétal local

Pour l’essentiel de la production, la famille Carlier achète des jeunes plants, hauts de 5 à 6 cm, auprès de producteurs spécialisés. Ensuite, elle a choisi de les replanter en pleine terre pour éviter de gérer un arrosage trop fréquent. D’une année à l’autre, les deux pépiniéristes conservent des plants pour proposer des arbres de toutes tailles, en complément de la taille phare comprise entre 60 et 80 cm de haut. Toute la production est vendue en direct, sur le site de la pépinière. « Ainsi, nous pouvons conseiller nos clients sur l’entretien à fournir aux arbres une fois la plantation effectuée, souligne Jean-François Carlier. Produits en pleine terre, les plants sont vendus en racines nues. Ce sont des produits vivants qu’il faut soigner ». Pour suivre la tendance, le père et le fils effectuent aussi leurs propres expérimentations. Ils testent la production hors-sol dont les résultats sont promoteurs, mais plus coûteux à produire.

En 2022, la pépinière Saint-Martin a obtenu la marque Végétal local qui garantit aux clients l’achat d’un plant issu d’une graine certifiée d’origine locale, en l’occurrence des Hauts-de-France. Cette marque répond à des cahiers des charges spécifiques et aux demandes des collectivités. « Tout est tracé, de la graine au plant, précise Jean-François Carlier. Cette spécificité ne représente que 1 % du chiffre d’affaires de l’activité globale de la pépinière. En effet, nous sommes confrontés à une difficulté majeure : celle de lever la dormance des graines d’arbres que l’on achète ». Pour s’extraire de sa dormance, chaque espèce de graine exige des conditions de milieu spécifiques, difficiles à reproduire sous serre ou en pleine terre. « C’est une étape très technique, difficile à maîtriser, avec un taux de réussite très aléatoire », indique Benjamin. Pour remédier au problème, la famille Carlier et d’autres producteurs ont décidé de créer une coopérative, dont l’activité est uniquement dédiée à la levée de dormance des graines. Les premiers tests seront effectués pour les semis prochains. Ainsi, par cet intermédiaire, tous espèrent gagner en temps et en performance.

Des prestations à la carte

« Le monde agricole représente notre plus gros client, 50 % du chiffre d’affaires de la pépinière, contre 30 % pour les collectivités et le reste pour les particuliers, souligne Jean-François Carlier. Pour satisfaire leurs besoins, nous proposons une prestation pour la plantation qui s’étale de novembre à mars. Nous avons donc investi dans un camion pour transporter les plants, une mini-pelle et une tarière hydraulique ». Bien coordonnée et organisée, l’équipe Carlier plante 1 km de haie par jour. En attendant de trouver des variétés mieux adaptées au changement climatique de la région, Jean-François et Benjamin Carlier proposent également une prestation d’arrosage. « Pour assurer la reprise de végétation des arbres nouvellement plantés et garantir leur pérennité, nous proposons aux collectivités de les arroser une à plusieurs fois au printemps, indique Benjamin. Notre objectif est d’assurer le redémarrage des jeunes arbres qui sont notre vitrine ».