La propreté des parcelles est décevante pour 30 % des parcelles de la région Normandie/Val d’Oise. Cela constitue, sur ce critère, l’année la plus mauvaise au regard des cinq dernières années. Les conditions sèches du printemps ont rendu difficile le désherbage. Cependant, dans cette situation, il était possible de maintenir l’efficacité en adaptant le programme herbicide. Les principales adventices qui ont posé des difficultés sont le chénopode, la renouée des oiseaux et l’arroche étalée. Pour les graminées, les populations croissantes de ray-grass et le développement des résistances rendent toujours difficile la maîtrise de cette adventice dans différents secteurs.

Le même constat est fait par la délégation Somme/Oise, qui attribue le manque d’efficacité des désherbages à des déclenchements trop tardifs, des intervalles trop allongés entre 2 passages et un programme mal adapté (dose, produit).

En Île-de-France, près de la moitié des parcelles avaient un désherbage insatisfaisant en chénopodes, ray-grass et ombellifères, principalement en raison du déficit de précipitations du mois de mai (-50 % par rapport à la moyenne). Cela a limité l’efficacité des produits racinaires avec des conséquences néfastes sur le rendement.

C’est aussi l’absence d’humidité au printemps 2022 qui a fortement impacté la qualité du désherbage en Champagne. Le bilan régional réalisé à l’automne fait état de plus de 30 % de parcelles présentant de fortes infestations d’adventices.

Les régions Nord – Pas de Calais et Centre – Val de Loire sont les 2 régions les plus propres pour cette année 2022. Le positionnement du T1, 3 à 4 semaines après les semis, l’augmentation des doses de produits de contact ont contribué à ce résultat. L’avantage de ces régions est aussi une flore adventice avec peu de chénopodes.

Désherbage : l’importance de la qualité de pulvérisation

Les conditions sèches du printemps ont mis en difficulté l’efficacité du désherbage. Le respect du calendrier d’intervention et la pertinence du choix des produits jouent un rôle important dans la réussite des traitements. Mais la qualité de pulvérisation est malheureusement trop souvent sous-estimée.
Ce constat, l’ITB l’a observé cette année dans de nombreuses parcelles. En effet, celles-ci présentaient un désherbage satisfaisant dans les longs tours, mais nettement plus dégradé sur les fourrières.

L’explication vient du fait que la vitesse de pulvérisation dans les fourrières est inférieure à celle des longs tours. La régulation électronique du pulvérisateur baisse alors la pression pour respecter le volume hectare appliqué. Cette pression trop faible génère une taille de gouttes plus grosse et un nombre d’impacts plus faible. Dans ces conditions, les petites adventices ne sont pas ou trop peu touchées par la bouillie herbicide et poursuivent leur croissance. Pour maintenir une qualité de pulvérisation compatible avec du désherbage de contact, il faut bloquer la pression de pulvérisation, telle qu’elle est dans les longs tours, même si cela entraîne, dans ces zones, une augmentation du volume appliqué. Le résultat n’en sera que meilleur.
L’Outil d’aide à la décision (OAD) « choix des buses », développé par Arvalis, permet de mieux comprendre l’incidence d’un changement de paramètre de traitement (vitesse, volume, pression) sur le choix de la buse la mieux adaptée.

Une mauvaise adaptation des buses et de la pression d’utilisation se traduit par une baisse d’efficacité des herbicides. Ce constat est également fait avec l’adoption de buses anti-dérives utilisées avec des volumes d’eau inférieurs à 150 l/ha. L’essai conjointement mené avec Arvalis en 2022 illustre parfaitement ce constat. Trois buses limitant respectivement la dérive de 66, 75 et 90 % sont comparées à une buse à fente. À des volumes de 50 et 80 l/ha, aucune d’entre elles n’obtient un résultat satisfaisant. La répartition de la bouillie n’est pas assez uniforme pour toucher les petites adventices ciblées. Avec un volume plus élevé de 150 l/ha, les buses limitant la dérive jusque 75 % retrouvent un niveau correct de désherbage, mais toujours inférieur à une buse à fente. Attention, la buse limant la dérive à 90 % n’améliore pas ces performances et reste dans ces conditions incompatible avec du désherbage de contact.

La levée des adventices conditionne le désherbage

La réussite du désherbage passe par le bon positionnement de la première application et par une bonne adaptation de la cadence des interventions. Celle-ci est dépendante des conditions climatiques de l’année et de l’infestation en adventices de la parcelle. Un temps poussant avec un lit de semences humide favorise une levée rapide des adventices. Il est donc primordial de suivre la dynamique des levées de mauvaises herbes dans les parcelles pour intervenir dès le stade des cotylédons, indépendamment du stade des betteraves. Au-delà du stade des cotylédons, une augmentation des doses d’herbicides est nécessaire pour obtenir une efficacité satisfaisante. La deuxième application est réalisée dans un délai de 6 à 8 jours. Les nouvelles levées d’adventices conditionnent ensuite le nombre de passages nécessaire. Leur fréquence varie de 7 à 15 jours en fonction des conditions climatiques plus ou moins favorables.

Utiliser les produits adaptés aux conditions météorologiques

Lors de printemps secs, comme en 2022, les produits dit « de contact » sont utilisés à des doses plus élevées (phenmédiphame de 1 à 1,2 l/ha et éthofumésate de 0,2 à 0,3 l/ha). Il est également conseillé d’augmenter l’adjuvantation à 1 l/ha d’huile végétale pour améliorer l’efficacité lors de conditions difficiles. L’utilisation de la clomazone et du triflusulfuron méthyl, moins dépendants de l’humidité des sols, réduit l’érosion de la qualité de désherbage.