« Le risque juridique et la crainte d’être pris en défaut par rapport à la réglementation et à la démultiplication des normes » ne sont pas assez pris en compte dans les grandes enquêtes officielles des risques au travail dans l’agriculture. C’est ce que révèle entre autres un document de travail de la Commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture (Cosmap) intitulé « contribution à l’amélioration de la prise en charge des troubles psychosociaux au travail dans l’agriculture ». Selon le rapporteur du groupe de travail qui a donné naissance à ce rapport, Loïc Lerouge, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la santé au travail, la pression administrative serait un facteur sous-estimé du mal-être des agriculteurs.

Selon ce chercheur extérieur à l’agriculture, la réglementation à laquelle sont soumis les agriculteurs est tellement complexe qu’il est difficile d’être en règle partout et tout le temps. « Les agriculteurs exploitants ont des objectifs chiffrés précis qui sont potentiellement très difficiles à atteindre », précise le document. Le groupe de travail a aussi relevé une pression émotionnelle forte qui pèse sur les agriculteurs au travers de l’agribashing et des troubles de voisinage. Ce travail est le résultat de 11 auditions de 3 h de personnalités scientifiques et institutionnelles, suivies des discussions du groupe de travail composé des acteurs et parties prenantes de l’agriculture en matière d’accidents et de maladies professionnelles. Le document, libre d’accès, a été largement diffusé, notamment au sein du Comité national de pilotage de la feuille de route sur le mal-être des agriculteurs. Par la suite, il donnera peut-être lieu à une publication officielle.

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