Les trois figures ci-dessous permettent de visualiser les performances des différents produits contre la cercosporiose (figure 1), la rouille (figure 2) et l’oïdium (figure 3).

Le Spyrale est le meilleur produit pour l’ensemble de ces maladies. Son utilisation est néanmoins à raisonner pour éviter l’apparition de phénomènes de résistance.

Après la disparition de nombreuses molécules ces dernières années (époxiconazole, cyproconazole…), 2023 est la première année de commercialisation du Belanty (méfentrifluconazole). Dans les essais, ce produit à 1,5 l/ha est associé avec du Timbal EW à base de tétraconazole à 0,8 l/ha. L’association de ces deux produits permet d’alterner les molécules et de diminuer la pression de sélection du difénoconazole, molécule largement utilisée en fongicide betterave.

La performance du traitement est calculée par rapport aux observations des maladies notées à différentes dates pour une seule application du produit. Pour chaque produit, l’intervalle de confiance (5 % – 95 %) entoure la moyenne. Le nombre d’essais est indiqué sur la droite des figures. Le classement des produits, du plus performant en haut au moins performant en bas, est effectué sur la moyenne (point vert dans les figures). Ces graphiques permettent de choisir la spécialité adaptée à la maladie présente dans la parcelle. Il est également primordial de réfléchir aux alternances des modes d’action et des matières actives afin d’éviter l’apparition de résistance.

Les produits doivent être utilisés à la pleine dose d’homologation car une réduction de dose revient à diminuer l’efficacité ainsi que la persistance d’action du traitement dans le temps. Le risque est aussi de sélectionner des souches de champignon résistantes et ainsi de réduire la durabilité des fongicides.

Afin d’intervenir au bon moment, des seuils ont été établis par la filière et intégrés dans l’OAD Alerte Maladies (voir ci-dessous). Ces seuils sont adaptés aux différentes maladies du feuillage de la betterave et prennent notamment en compte la date de début de protection et la localisation des parcelles (bordure littorale). Ces informations sont à retrouver sur le Pense-Betterave de l’ITB, disponible gratuitement sur itbfr.org et accessible à l’aide du QR Code ci-contre.

De plus, La protection fongicide est à adapter en fonction de la tolérance variétale. Dans les zones à risque, semer une variété tolérante est devenu indispensable pour contrôler la maladie. Cette stratégie permet à moyen terme de réduire le risque d’apparition de résistance aux fongicides.

Information réglementaire au sujet de la molécule de cuivre

Pour 2023, l’ITB a déposé une demande de dérogation pour le produit Airone SC. La réponse de l’administration est attendue dans les prochains jours. Avec la disparition de certaines molécules (par exemple l’époxiconazole), l’efficacité moindre des fongicides actuels et des pressions de maladie qui peuvent être plus intenses, la filière betterave demande depuis plusieurs années de pouvoir appliquer un produit à base de cuivre. L’objectif est de compléter les programmes fongicides. En présence d’une forte intensité de cercosporiose, la molécule de cuivre en mélange avec un produit traditionnel (triazole à pleine dose selon la réglementation en vigueur) permet d’améliorer l’efficacité du traitement et de conserver un feuillage sain plus longtemps.

En ce qui concerne l’homologation d’un produit sur betterave, il faudra, en principe, attendre encore quelques années. En décembre 2018, la Commission européenne a renouvelé l’approbation du cuivre pour une durée de sept ans. Le renouvellement des autorisations nationales des spécialités cupriques homologuées sur des cultures autres que la betterave est depuis en cours et, pendant la procédure de renouvellement, aucune demande d’extension d’usage ne peut être déposée. Cette procédure n’étant pas finalisée à ce jour et, pour éviter un blocage, la société Gowan, avec l’appui de Phyteurop, a déposé en 2022 un nouveau dossier de demande d’autorisation sur la culture de la betterave pour un produit de composition identique à celle de l’Airone SC. La ré-approbation européenne de la molécule de cuivre est en cours et devrait, selon le calendrier officiel, se conclure en 2025. La réponse de l’administration française sur la demande d’homologation du produit sur betterave devrait suivre.

– Respecter les seuils de traitement.

– Choisir les produits en fonction de la maladie présente dans la parcelle.

– Alterner les matières actives disponibles afin de retarder l’apparition de résistance et d’impasses techniques.

– En cas de forte pression de cercosporiose, l’ajout du cuivre (Airone SC2) avec un produit à base de triazole permet d’obtenir une meilleure performance du traitement.

– Utiliser les produits à la pleine dose d’homologation.

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(2) Si la dérogation de 120 jours pour le produit Airone SC est acceptée.