Sécheresse, enherbement, soucis de conservation. Pierre Dewilde, membre du bureau du syndicat betteravier de l’Oise, a rappelé les problèmes de la campagne 2022, lors de l’assemblée générale de la CGB Oise, le 8 juin, à Estrées-Saint-Denis. « La sécheresse a sévi dès le printemps, détaille Henri Faes, délégué CGB isarien. Avec, pour conséquences, des désherbages difficiles et un développement important des chénopodes. Cette sécheresse s’est poursuivie tout l’été, moment où le potentiel racinaire aurait dû s’exprimer ». Ensuite, le gel à -6°C de décembre, suivi d’une remontée des températures à +10 °C, a endommagé les betteraves du pourtour des silos. Deuxième problème côté industriel, le manque de chauffeurs, malgré un nombre de camions suffisants. Les 1 529 planteurs de l’Oise ont obtenu un rendement moyen très décevant de 67,5 t/ha à 16°C, inférieur à une moyenne 5 ans de 75 t/ha, déjà très en berne.

Recherche variétale et betteraves parfumées

« À l’ITB, nous réalisons un très gros travail sur les 23 projets du PNRI », a poursuivi Ghislain Malatesta, directeur de l’expérimentation de l’institut technique. En effet, à court et moyen terme, la lutte contre la jaunisse passera par une combinaison de plusieurs solutions, comme l’utilisation de plantes compagnes ou de biocontrôle. « Au niveau de l’évaluation des variétés, nous avons élevé 500 000 pucerons verts pour inoculer 47 000 betteraves ! De quoi tester 139 variétés en monovirus, 107 avec un cocktail de virus et 27 variétés hybrides », précise-t-il. « Les semenciers mettent aussi les bouchées doubles », a confirmé Marthe Lesne, responsable commerciale de Betaseed pour le secteur Hauts-de-France et Normandie. Cinq semenciers, (Betaseed, Florimond Desprez, SES Vanderhave, KWS et Maribo) se sont regroupés au sein du projet Flavie à l’issue de la crise de 2020. Ils mutualisent une partie de leurs moyens pour trouver plus rapidement une solution à la jaunisse. En 2023, ils ont testé 700 objets (lignées et variétés potentielles) sur plus de 50 000 micro-parcelles. Selon la semencière, la perte de rendement des variétés tolérantes à la jaunisse est actuellement de 20 %, alors qu’elle était de 40 % en 2020 (pour le BYV, c’est-à-dire le virus le plus dommageable).
« Certaines variétés peuvent réduire l’impact de la jaunisse en minimisant les pertes de rendements », assure Marthe Lesne. À noter que ces essais se font en situation d’expression maximale du virus. Dans la recherche contre la jaunisse, deux stratégies cohabitent, a expliqué la responsable commerciale de Betaseed : la résistance et la tolérance. Si les variétés résistantes sont complètement indemnes de jaunisse, celles qui ne sont que tolérantes seront quand même impactées par le virus tant redouté. Mais Marthe Lesne a expliqué qu’à l’heure actuelle, les variétés résistantes ont des potentiels de rendement plus faibles en absence de jaunisse que les variétés que l’on connaît aujourd’hui. Le semencier Beetaseed mise sur les variétés tolérantes à court terme et sur celles qui sont résistantes à plus long terme. Plus original, Alain Thibault, président d’Agriodor, a présenté ses recherches concernant un diffuseur d’odeurs contre les pucerons. Reste à trouver un modèle économique soutenable pour la firme et pour les betteraviers. Nicolas Rialland, le directeur général de la CGB, a terminé la matinée en mettant en avant le bon signal prix dont il faut profiter.