Les épisodes de pluie de juillet et début août ont favorisé une croissance régulière des betteraves, puis la météo ensoleillée de fin août et début septembre a permis d’assurer la progression de la richesse. Alors que le taux de sucre avoisinait les 15,8°S fin août, on approchait les 17 °S de richesse mi-septembre.

Les racines sont belles cette année. Leur poids est en moyenne de 742 grammes dans les prélèvements effectués par la CGB au 28 août, soit 150 grammes de plus que la moyenne 2018-2022 à la même date. En revanche, la richesse était 2°S plus faible que la moyenne à la même date.

Partie assez bas, la richesse en sucre remonte. Si elle continue sur sa lancée fin septembre et début octobre, les rendements pourraient être bons, voire très bons. Il faut dire que le beau bouquet foliaire permet de faire fonctionner la photosynthèse et donc d’accumuler le sucre dans les racines.

Records de rendement

Certains planteurs pourraient battre des records de rendement. Mais d’autres, notamment ceux qui ont semé tardivement, auront un potentiel plus limité. C’est dommage, car ils passeront à côté d’une année où les attaques de jaunisse n’ont finalement pas été généralisées. En revanche, les planteurs touchés par la jaunisse – 3 000 ha sur les 370 000 ha emblavés cette année en France – auront des pertes substantielles de rendement. Les zones fortement touchées se situent essentiellement en Eure-et-Loir et en Seine et Marne et, dans une moindre mesure, dans l’Eure et la Somme.

Après des années difficiles, marquées par les dégâts du virus de la jaunisse et de la sécheresse, cette campagne semble s’annoncer sous de meilleurs auspices. Attention cependant à la cercosporiose qui peut entraver la photosynthèse. Cette maladie se développe fortement un peu partout en France, selon le type de variété implantée (certaines sont visiblement très tolérantes) et les traitements effectués.

125 jours de campagne chez Tereos

C’est la sucrerie de Lillers qui a ouvert la campagne le 8 septembre. La nouvelle campagne betteravière des 8 sucreries de Tereos débutera majoritairement mi-septembre. Les dates d’ouverture (voir tableau) ont été arrêtées par le Conseil Coopératif avec un objectif d’une durée de campagne de 125 jours et une fin de campagne à la mi-janvier.

« L’état sanitaire et hydrique actuel, conjugué à des températures annoncées favorables, devraient permettre une belle croissance de la production betteravière au cours des prochaines semaines », indique Tereos. Ces prévisions de rendement étant favorables à un démarrage anticipé, la coopérative propose aux planteurs volontaires de récolter plus tôt. Le dispositif d’arrachage précoce de l’an dernier est reconduit pour la campagne 2023-2024, avec un barème revalorisé, pour tenir compte des évolutions favorables du marché du sucre. « Lors de la précédente campagne, nous étions confrontés à une pression énergétique sans précédent, déclare Émilien Rose, président du Conseil Coopératif de Tereos. Les conflits en Europe de l’Est nous avaient amenés à anticiper notre campagne afin d’assurer le bon fonctionnement de nos usines et ne pas peser sur les réseaux d’énergie au cœur de l’hiver. Nombreux sont les coopérateurs à avoir suivi cette démarche et les résultats furent concluants. C’est pourquoi nous décidons à nouveau de reconduire cette anticipation cette année, sur la base du volontariat pour les coopérateurs qui le souhaitent ».

114 jours de campagne chez Cristal Union

Cristal Union annonce le lancement de sa campagne 2023-2024 entre le 13 septembre et le 3 octobre, selon les usines (voir tableau). Le groupe coopératif indique que le calendrier a été défini pour « optimiser le potentiel agronomique des betteraves », tout en tenant compte des durées de campagne évaluées à 114 jours en moyenne.

La sucrerie d’Erstein sera la dernière sucrerie française à démarrer le 3 octobre.

« Les prévisions laissent envisager un rendement qui s’inscrit dans la moyenne cinq ans, autour de 14 t/ha de sucre », communique Cristal Union. Les perspectives de rendement sont particulièrement prometteuses au sud de Paris, grâce à des semis précoces, à une bonne implantation des betteraves et à des désherbages efficaces. « La pression de pucerons a été maîtrisée, facilitée par la mise en place du plan de vigilance pucerons. Il y a eu une bonne réactivité des planteurs pour protéger les betteraves », a expliqué Olivier Duguet, président du conseil de section de Pithiviers, lors d’une conférence de presse au salon Innov’Agri dans le Loiret. Il note notamment que les variétés les plus rustiques face au stress hydrique permettent aussi d’atténuer l’effet de la jaunisse.

Dans le Loiret, l’irrigation a été réalisée tôt en saison et la pluie a pris le relais. Résultat : le rendement devrait être au-dessus de la moyenne cette année. Tout n’est pas encore joué, estime Hervé Fouassier, président du conseil de section de Corbeilles-en-Gâtinais : « Nous sommes pour l’instant sur un bon rendement racine. Après, c’est la richesse qui déterminera si la récolte sera bonne ou très bonne. Un point de richesse c’est environ 7 t/ha à 16 ! »

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