La qualité d’arrachage et la productivité ont toujours été au cœur des attentions des betteraviers au moment de la récolte. Avec des machines de plus en plus coûteuses et sophistiquées, la maîtrise des coûts d’arrachage à l’hectare est maintenant un enjeu majeur à prendre en compte.

La généralisation des intégrales

Ces dernières années, les chantiers d’arrachage à l’intégrale sont devenus la norme. Ces machines simplifient les chantiers de récolte, en réalisant toutes les tâches en une fois. C’est la solution la plus confortable pour l’agriculteur et qui lui permet de se libérer du temps pour d’autres travaux au champ, comme les semis de blés. Depuis la dernière édition de Betteravenir, les organes de nettoyage, d’effeuillage et d’arrachage ont été perfectionnés sur ces machines pour préserver l’intégralité de la betterave, tout en garantissant un débit de chantier élevé. Les vidanges de trémie sont aussi de plus en plus rapides, avec des temps inférieurs à une minute. Enfin, les intégrales sont appréciées pour la qualité des silos qu’elles produisent, facilement assimilables par les déterreurs.

Ces machines sont toutefois de plus en plus complexes techniquement, avec des coûts d’achat qui ne font qu’augmenter. Qu’il fasse appel à un entrepreneur ou qu’il arrache lui-même, l’agriculteur veut pleinement maitriser son coût d’arrachage à l’hectare, en prenant en compte ces charges de mécanisation croissantes. L’autre enjeu avec les intégrales concerne la préservation des sols. Ces machines, de plus en plus lourdes (plus de 60 t pour certaines), peuvent générer des tassements profonds en condition dégradée. Les constructeurs apportent des réponses, en équipant les machines d’essieux supplémentaires, capables de circuler en crabe. Ces solutions seront discutées au Village Technique de Betteravenir (cf dernière page de ce Cahier Technique).

Pour les agriculteurs désireux de chantier d’arrachage à plus faible coût, le chantier décomposé subsiste toujours, mais reste minoritaire, la faute aussi à une faible disponibilité de chauffeurs expérimentés au moment des récoltes. Ce type de chantier présente l’avantage de moins tasser les sols et mieux maitriser les coûts d’entretien.

Des machines connectées garantissant simplicité et confort

Depuis 2016, les campagnes d’arrachages se sont allongées. Les machines d’arrachage fonctionnent sur de plus longues périodes, les chauffeurs sont en conséquence plus sollicités et doivent rester efficaces et attentifs plus longtemps. En réponse, les constructeurs ont amélioré le confort en cabine, pour réduire les bruits et les vibrations. Cette amélioration de confort concerne aussi les chantiers décomposés avec des machines plus ergonomiques qui facilitent les réglages d’arrachage.

A l’aide d’écrans reliés à différentes caméras positionnées sur la machine, le conducteur a accès, en temps réel, aux différents organes de l’intégrale et à toutes ses informations de fonctionnement. Bien que seul depuis sa cabine, il peut contrôler son bon fonctionnement et repérer d’éventuelles pannes. Les constructeurs sont même désormais en mesure d’observer à distance les machines en cours d’arrachage avec les informations de fonctionnement et de prévoir l’entretien nécessaire en conséquence. Ces données sont aussi accessibles à l’entrepreneur qui souhaite suivre sa flotte de machine.

Par ailleurs, bien qu’équipées de technologies de pointe, ces machines se doivent d’être simples d’utilisation. Il devient de plus en plus dur de trouver des chauffeurs expérimentés et, de ce fait, les intégrales doivent être appréhendables par des conducteurs novices. Les constructeurs mettent aussi l’accent ces dernières années sur les formations chauffeurs pour permettre de former efficacement les conducteurs non expérimentés aux enjeux d’une conduite optimisée de la machine. Une intégrale mal paramétrée va consommer plus, s’user plus vite et surtout faire du mauvais travail, d’où l’enjeu de bien optimiser son fonctionnement, pour permettre respect de la récolte et maitrise des coûts d’utilisation.

Vers un élargissement des largeurs d’arrachage

La tendance à l’élargissement du matériel de récolte touche aussi le matériel d’arrachage betteravier. On ne parle alors plus de récolte sur 6 rangs, mais bien 12 voire même 18 rangs. Les avantages mis en avant par les constructeurs sont le débit de chantier qui est presque doublé (multiplié par 1,8 pour une 12 rangs par exemple), moins de manœuvres, moins de tassements des sols et moins de consommation de gasoil à l’hectare. Pourtant, l’élargissement des arracheuses est une tendance qui ne s’observe, pour l’instant, pas réellement dans les plaines betteravières françaises. Les freins à son développement sont les bâtis d’arrachage non adaptables à deux écartements différents et la nécessité d’avoir un semis réalisé au semoir 12 rangs.