« Les marchés sont plus que jamais volatils et imprévisibles ; c’est vrai à l’échelle mondiale mais aussi au niveau européen, où l’équilibre post quota est fragilisé par un afflux massif de sucre en provenance d’Ukraine », a déclaré le président de la CGB, Franck Sander, le 7 décembre à Reims. En effet, la CGB a pour la première fois délocalisé son assemblée générale en région, alors qu’elle se tenait traditionnellement à Paris. A cette occasion, elle a fait salle comble.

Si, aujourd’hui, les cours du sucre ont battu des records historiques, le marché européen risque d’être forcément déstabilisé par les quelque 700 000 tonnes annoncées l’année prochaine. D’ailleurs, les prix du sucre amorcent déjà une inquiétante baisse. Les prix des betteraves semées en 2024 ne sont donc pas garantis !

Maîtrise des surfaces

L’équilibre du marché européen nécessite de maîtriser les surfaces qui seront semées au printemps prochain, en France, mais surtout dans l’Union européenne. Car en diminuant sa surface de 20 % depuis 6 ans, « notre pays a grandement contribué à l’ajustement du marché européen ces dernières années avec, comme conséquence concrète, la fermeture de 5 sucreries depuis 2019, la dernière en date étant celle d’Escaudoeuvres dans le Nord », a rappelé Franck Sander.

Autre inquiétude : la suppression continue de nos moyens de productions à marche forcée. « Nous aimerions tous recourir à moins de traitements pour protéger nos cultures, mais l’imposer aveuglément et sans concertation avec les agriculteurs aura des conséquences dramatiques », a insisté Franck Sander.

On le voit avec les néonicotinoïdes (l’acétamipride et la flupyradifurone) qui restent autorisés en Europe, alors que la jaunisse sévit plus fortement qu’ailleurs !

« C’est bien une illustration qu’on marche sur la tête ! », s’est exclamé Franck Sander. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, qui est aussi betteravier en Seine-et-Marne, a rappelé la mobilisation récente du syndicat majoritaire sur ce sujet : « le décalage grandissant entre le discours public et la réalité mesurée dans nos exploitations, très concrètement, n’est plus compris. Pour autant, le travail collectif a conduit à des succès, comme pour le glyphosate ou les réglements portant sur la réduction des pesticides et la restauration de la nature ».

Franck Sander a appelé à changer de méthode quant au plan de réduction des phytosanitaires annoncé par la Première ministre, lors du dernier salon de l’agriculture. Il a demandé que les instituts techniques soient plus étroitement associés aux travaux et que les moyens financiers soient à la hauteur des enjeux, tant sur la recherche elle-même que sur l’accompagnement pour investir. « Je parle ici de plusieurs milliards d’euros à mobiliser », a chiffré le président de la CGB.

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