Si les programmes opérationnels sont déjà bien connus dans le secteur des fruits et légumes, ils le sont peu en grande culture. En quoi consiste ce dispositif duquel la filière luzerne déshydratée souhaite bénéficier ? C’est un dispositif de la PAC qui permet de recevoir des fonds de l’Union européenne, avec un objectif de modernisation et l’adaptation des filières agricoles aux besoins des marchés. « Les programmes opérationnels vont permettre aux organisations de producteurs nouvellement reconnues d’accélérer leurs démarches de progrès telles que l’adaptation au changement climatique, l’ajustement de l’offre à la demande, la promotion et la communication, la mise en place de systèmes de traçabilité et de certification », explique Luzerne de France dans un communiqué. Ils pourront par exemple financer la recherche sur les variétés ou sur les processus de transformation de la luzerne. À noter que l’abondement de l’Union européenne sera plafonné à 6,5 millions par an, et à 50 % de l’argent investi dans ces programmes (60 % les 5 premières années). Le restant doit être apporté par les organisations de producteurs elles-mêmes.

« Seules les organisations de producteurs (OP) peuvent prétendre à ces fonds opérationnels, explique Yann Martinet. Dans la filière luzerne, on était taillés pour rentrer dans ce dispositif car nous sommes organisés à 100 % en coopérative, et la coopérative est la forme la plus aboutie d’OP ». Une petite spécificité a dû être introduite en Champagne-Ardenne : les coopératives ont choisi de faire porter la reconnaissance de l’OP à l’union France Luzerne. Si La Coopération Agricole Luzerne de France a porté l’initiative, la gestion concrète de ces programmes opérationnels revient exclusivement aux organisations de producteurs.

Une filière en avance sur son agenda de décarbonation

Par ailleurs, Éric Masset se réjouit que la filière luzerne déshydratée ait atteint ses objectifs de décarbonation avec 2 ans d’avance. En effet, « l’étape de déshydratation d’une tonne de luzerne n’engendre plus aujourd’hui que 52 kg de CO2 d’origine fossile à rapprocher des 739 kg de CO2 émis en 2005, année de référence », précise Luzerne de France dans un communiqué. Ces bons résultats sont, entre autres, dus aux fonds du programme France Relance qui n’existaient pas au moment de la construction de la stratégie « luzerne 2026 ». Prochaine étape pour Luzerne de France : « réduire les émissions de l’amont agricole (180kg/tonne) en valorisant notamment le stockage de carbone induit par la culture ».

Des surfaces en baisses mais une production en hausse

La surface cultivée en luzerne déshydratée, en 2023, est en baisse de 4,3 % par rapport à l’année 2022, à 67 000 ha, essentiellement en raison des difficultés de semis de l’année 2022, explique Éric Masset. Cependant, en raison des conditions climatiques favorables à la pousse, la hausse des rendements a entraîné celle de la production, qui fait un bond de 10 % par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, « on attend une augmentation des surfaces de 2,5% à 3 % en 2024 », annonce le président de La Coopération Agricole luzerne de France. En effet, selon l’organisation, la luzerne bénéficie à nouveau d’un regain de compétitivité pour les planteurs en raison de la bonne tenue des prix payés aux producteurs et d’une baisse des cours des céréales.