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Vers une prime de 5 €/t de betterave chez Cristal Union

« Nous sommes engagés depuis 5 ans dans l’agriculture régénérative avec l’association Pour une agriculture du vivant (PADV) », a rappelé Julien Coignac, coordinateur RSE de Cristal Union, lors d’une conférence organisée le 26 février par La Ferme Digitale. Ces bonnes pratiques peuvent coûter un petit plus cher et provoquer souvent une baisse de rendement temporaire. Comment valoriser les efforts de planteurs ? Cristal Union propose une offre commerciale spécifique, Amplify, « qui vise à vendre du sucre et de l’alcool agroécologiques et bas carbone ». Le bonus est reversé directement aux agriculteurs sous forme de prime. « Cette année, on a une dizaine de milliers d’euros à répartir. L’objectif est d’arriver à distribuer 5 euros par tonne de betteraves aux agriculteurs qui pratiquent l’agriculture régénérative », a annoncé en avant-première Julien Coignac. Contacté par le Betteravier français, William Huet, responsable du département agronomie de Cristal Union, indique que le niveau de la prime n’est pas encore validé par le conseil d’administration, mais que la tranche la plus élevée de la notation RegAg (voir le Betteravier français du 16 janvier 2024) devrait bien se situer autour de 5 €/t.

Tereos réfléchit à compenser la prise de risque

Lors d’une autre conférence organisée par La Ferme Digitale le même jour, Vincent Grégoire, responsable durabilité chez Tereos, a abordé la réflexion du groupe sucrier sur l’agriculture régénérative. « Les clients nous parlent beaucoup de ce concept, qui concerne à la fois de l’agriculture bas carbone, mais avec des co-bénéfices du type biodiversité et d’autres indicateurs qui ne sont pas toujours faciles à mesurer encore aujourd’hui ». Vincent Grégoire a évoqué les difficultés rencontrées par le passé lors de la mise en place de la filière Haute Valeur Environnementale (HVE) au niveau de la « valorisation commerciale ». « Cela nous a fait prendre conscience qu’il faut proposer une démarche en lien avec une demande client [… ] On réussira si on a des clients prêts à payer pour rémunérer les transitions et les risques pris par les agriculteurs ».

Du côté de Tereos, « il faut déjà compenser a minima les surcoûts, la prise de risque et potentiellement les pertes de rendements liées à cette transition. C’est ce cocktail entre prise de risque, coûts supplémentaires que l’on souhaite au minimum compenser via une prime filière versée à l’agriculteur ». Aujourd’hui Tereos n’a pas encore déterminé les montants, mais Vincent Grégoire indique que la prime sera fonction du niveau d’atteinte des objectifs.

Nestlé Health Science avec des betteraviers de Saint Louis Sucre

Le troisième sucrier français, Saint Louis Sucre a noué un partenariat avec Nestlé Health Science France, qui achète son sucre issu du programme d’agriculture régénératrice Sols Vivants pour ses produits de nutrition clinique. Ces produits à base de protéines de lait sont destinés, sur ordonnance, aux patients dénutris.

L’annonce a été faite le 27 février au Salon par la filiale du groupe Nestlé.

Développé en partenariat avec la fondation Earthworm (qui accompagne les entreprises dans une production plus durable), le programme Sols Vivants réunit 16 producteurs de betteraves de Picardie. Jean-Claude Samain, betteravier dans le Pas-de-Calais, est rentré dans cette démarche à travers le programme Mont Blanc. Il a changé ses pratiques agricoles, sème un couvert composé de 10 espèces qu’il garde jusqu’au moins janvier, voire février.

« Les agriculteurs engagés dans le programme Sols Vivants bénéficient d’un soutien technique, d’une contractualisation de long terme sur 5 ans, mais aussi d’une prime une fois que les pratiques sont mises en place (couvertures de sol, rotations) et un niveau de prime supplémentaire quand les résultats seront quantifiables, comme la fertilité des sol ou le carbone séquestré », explique Frédéric Tendron, président de NHS France. « Une prime qui a été agréée entre Nestlé et Saint Louis Sucre », ajoute le directeur de la fondation EarthWorm.

Pour la première fois cette année, les betteraves provenant du programme Sols Vivants fournissent 57 % des besoins annuels en sucre de Nestlé Health Science France pour sa gamme Clinutren, soit 400 tonnes de sucre.

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