Il n’y a pas que le monde agricole qui dénonce les distorsions de concurrence. Ainsi, les industriels du sucre, regroupés au sein du Syndicat national des fabricants de sucre (SNFS), ont fait de ce sujet le point central de leur assemblée générale du 25 mars dernier.

Comme les betteraviers, ils sont préoccupés par le phénomène inédit des importations ukrainiennes. « Les importations sont passées de 20 000 tonnes avant la guerre à plus 400 000 en 2022-2023. Avec un potentiel d’augmentation à la faveur des hausses des surfaces en Ukraine, on pourrait attendre 1 Mt pour 2024-2025, selon les propres prévisions ukrainiennes », s’alarme le président du SNFS, Christian Spiegeleer.

Le problème est que la production ukrainienne n’est pas soumise aux mêmes contraintes environnementales que l’UE, puisque les néonicotinoïdes y sont autorisés. Alors que nous bloquons les accords du Mercosur pour non-conformité aux accords de Paris sur le climat, l’UE ouvre des volumes bien plus conséquents pour l’Ukraine !

L’industrie sucrière n’est pas la seule à subir des distorsions de concurrence en tout genre, comme l’a montré la table ronde avec des représentants des secteurs du ciment et du papier.

Yves Madre, président de Farm Europe a synthétisé la politique européenne en une phrase : « c’est le syndrome du 18e siècle : l’Europe serait la lumière du monde et aurait les moyens politiques et économiques pour que tout le monde suive sa bonne parole ».

Et le président de Cristal Union, Olivier de Bohan, de reprendre une citation du patron de Renault, Luca de Meo : « les États-Unis stimulent, la Chine planifie, l’Europe réglemente ».

Les autres enjeux pour l’industrie sucrière tournent autour de l’énergie et de la gestion de l’eau.

L’industrie sucrière représente un tiers de la consommation d’énergie de l’ensemble de l’agroalimentaire français, même si elle l’a déjà baissé de 30 % depuis les années 1990. Selon le SNFS, l’objectif de neutralité carbone pourrait être atteint par l’électrification partielle du process sucrier et l’utilisation d’une fraction de la biomasse : les pulpes de betteraves.

Concernant l’eau, qui est la première production d’une sucrerie (la betterave contient 75 % d’eau), le SNFS veille à ce que les nouvelles initiatives réglementaires ne remettent pas en cause les pratiques établies. « Il y a de la pédagogie à faire, pointe Christian Spiegeleer, comme faire admettre que les effluents, les terres issues du lavage des betteraves, ne doivent pas être considérés comme des polluants au seul motif qu’ils sortent d’une usine ».