Cristal Union peut fêter sereinement ses 25 ans. Le 10 juin, à l’occasion de sa conférence de presse annuelle, le groupe a présenté un chiffre d’affaires de 2,65 milliards d’euros et un Ebitda de 287 M€. Le sucrier a réussi à limiter la baisse du chiffre d’affaires à 3,8 % en se positionnant sur les marchés les plus rémunérateurs : « le sucre et l’alcool rectifiés de haute qualité », a expliqué son directeur général, Xavier Astolfi.

L’Ebitda est certes en baisse de 33 % par rapport au record de l’année dernière, mais il permet tout de même d’afficher un taux de marge de 13 %, ce qui est largement suffisant pour financer ses investissements et poursuivre son désendettement. La dette financière a été divisée par deux et atteint 315 M€ pour l’exercice 2024-2025.

Baisse de l’endettement

Quelques jours plus tôt, le 28 mai, c’était Tereos qui présentait ses résultats financiers pour l’exercice 2024-2025. « Tereos est un groupe coopératif solide. Nous avons réussi cette année à sortir de bons résultats avec un Ebitda à 800 millions d’euros », a déclaré son président du conseil d’administration, Gérard Clay. Le chiffre d’affaires s’élève à 5,93 milliards d’euros, en baisse de 17 % par rapport à l’exercice 2023-2024, qui fut un record historique. L’Ebitda de Tereos est en réduction de 29 %. Néanmoins, le directeur général Olivier Leducq souligne « qu’il s’agit de la troisième meilleure performance financière, après deux exercices qui ont été exceptionnels. Les activités de diversification permettent de verser à nos coopérateurs 75 millions d’euros. »

Tereos a aussi proposé aux adhérents de revaloriser le capital social. Cette opération permet de distribuer des réserves accumulées par la coopérative, qu’il n’est pas possible de distribuer. La revalorisation de la part sociale (de 4,40 € en moyenne) correspond à un montant global reversé à l’ensemble des coopérateurs d’environ 48 millions d’euros.

Ces bons résultats, obtenus depuis trois ans, permettent de désendetter le groupe et d’investir dans les usines. « Tereos poursuit la réduction de sa dette, qui atteint aujourd’hui à 2,22 milliards d’euros ; c’est son niveau le plus bas niveau depuis 2018 », déclare le directeur financier, Gwenael Elies.

Caisse de péréquation de 100 M€ pour Cristal Union

Après le cycle haut de ces deux dernières années, la filière affronte une forte baisse des prix du sucre en Europe. Résultat : le prix de la betterave est en baisse chez les deux sucriers. Tereos annonce une rémunération moyenne des betteraves de 40,75 €/t en intégrant la revalorisation des parts sociales et Cristal Union de 41,44 €/t. Ces prix incluent les primes et indemnités, les dividendes, les intérêts aux parts et la valorisation de la pulpe.

Chez Cristal Union, le prix payé aurait pu être plus important, mais la coopérative a choisi, comme l’année dernière, d’abonder de 50 millions d’euros une caisse de péréquation collective, portant son montant total à 100 M€.

Cette somme permettra de compléter le prix de la betterave quand les marchés seront moins rémunérateurs. « 50 millions représentent 3,70 euros la tonne », précise le président du conseil d’administration de Cristal Union, Olivier de Bohan. Et d’ajouter : « après la hausse de l’an dernier, les marchés sont désormais en forte baisse. Aujourd’hui, la tendance donnerait un prix entre 35 et 30 €/t de betteraves ». On voit donc bien que cette caisse pourrait être utilisée dès la campagne 2025-2026 pour stabiliser les prix de la betterave et, par ricochet, les surfaces.

Renforcement de Cristal Union au sud de Paris

Les bons résultats de Cristal Union ont aussi permis d’accueillir les planteurs de la sucrerie de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) et de faire l’acquisition de la société Lesaffre Frères à Nangis (Seine-et-Marne). Près de 90 % des planteurs de Souppes ont depuis rejoint Cristal Union, ce qui va conforter les sucreries de Corbeilles et de Pithiviers. Et puis la coopérative a encore renforcé sa zone betteravière au sud de Paris en faisant l’acquisition, en février dernier, de la sucrerie familiale Lesaffre de Nangis. « En intégrant la sucrerie de Nangis, Cristal Union transformera désormais 45 % de la surface betteravière française », souligne Xavier Astolfi.

Électrification des sucreries de Tereos

Les investissements des deux groupes sont prioritairement ciblés sur la décarbonation et la réduction des consommations d’énergie des usines.

L’année dernière, Tereos avait annoncé un plan d’investissement de 800 M€ sur dix ans, pour baisser les émissions de carbone. Vingt projets industriels de décarbonation menés depuis deux ans, pour un investissement de 98 M€, ont permis une réduction de 13 % des émissions de gaz à effet de serre. Tereos mise sur l’électrification des process. Les sucreries d’Attin (Pas-de-Calais) et de Bucy (Aisne) sont les deux sites pilotes où le choix s’est porté sur la décompression mécanique de la vapeur, grâce à un moteur électrique. Sur le site de Bucy, l’investissement de 14,5 millions d’euros permet une réduction de 11 200 tonnes de CO₂ ; et le site d’Attin, avec 19 millions d’euros d’investissements, génère une réduction de 15 000 tonnes de CO₂. L’autre volet concerne les économies d’eau à Connantre (Marne), qui sera totalement autonome en eau à partir de 2025.

Chez Cristal Union, les rythmes des investissements sont également soutenus, à hauteur de 107 M€ cette année, dont la moitié a été consacrée à la sobriété en eau et à la décarbonation. « Nous serons autonomes en eau sur l’ensemble des sucreries du groupe dès la prochaine campagne », déclare Olivier de Bohan.

Agriculture de régénération

Les adhérents des deux coopératives sont aussi parties prenantes des efforts de décarbonation, puisqu’ils sont incités à se lancer dans l’agriculture de régénération.

Chez Tereos, une prime filière allant de 50 euros jusqu’à 150 euros/ha est versée aux coopérateurs engagés pour les soutenir dans des pratiques bas carbone sur la culture de la betterave.

De son côté, Cristal Union indique que les 700 planteurs entrés dans l’agriculture de régénération et bas carbone, via la démarche Cristal Vision, se partageront une prime RegAg pour un total de 1,7 M€.

Pour l’année prochaine, les deux sucriers s’attendent à des résultats 2025-2026 en baisse, conséquence de conditions de marchés beaucoup plus défavorables et de coûts de production agricoles et industriels en forte augmentation.