Quatre mois après l’officialisation du rachat du semencier Deleplanque-Strube, le groupe RAGT a présenté les résultats d’une analyse stratégique menée durant un an, définissant ses ambitions pour les dix prochaines années. En tête de liste : devenir le semencier numéro 1 en termes de génétique chez les agriculteurs en 2035. « Nous mettions jusqu’à présent sur un pied d’égalité nos 40 espèces. L’analyse que nous avons menée nous a permis d’identifier les céréales, le sorgho et la betterave comme des piliers de la croissance et des investissements différenciés que nous sommes prêts à mettre », explique Laurent Guerreiro, le président du directoire du groupe aveyronnais, le 2 septembre 2025 à la foire de Châlons-en-Champagne, où RAGT avait fait le déplacement de manière inédite. Suite au rachat de Deleplanque, la betterave est désormais la deuxième espèce la plus importante en termes de chiffre d’affaires.

Une hausse significative du budget de recherche

Pour soutenir cette nouvelle espèce stratégique, RAGT a validé, le 1er juillet dernier, l’augmentation significative du budget de recherche allouée à la betterave, à hauteur de 15 %. « C’est une de nos premières décisions concrètes, poursuit Laurent Guerreiro. Nous souhaitons augmenter le nombre de sites d’expérimentation en France, remettre des moyens dans les territoires, et ce, dès cet exercice. »

La direction de RAGT exprime également le souhait de mieux exploiter le matériel génétique nouvellement acquis. « La sélection opérée chez Strube (1) était conventionnelle, souligne le président du groupe aveyronnais. Nous voulons nous engager dans une démarche de génotypage pour séquencer les lignes fondatrices de ce matériel génétique, car nous manquons de connaissances sur celui-ci. Nous considérons également que la recherche n’a pas été assez poussée sur un certain nombre de pathogènes, notamment la cercosporiose. » Et puis, RAGT a aussi décidé de sélectionner des betteraves Conviso Smart résistantes aux herbicides de la famille des inhibiteurs de l’ALS. Un créneau que Deleplanque ne souhaitait pas développer, mais qui se développe depuis deux ans.

Multiplier par quatre les parts de marché

Concernant la problématique de la jaunisse, sur laquelle Deleplanque était très mobilisé, la dynamique souhaitée est la même. « Si nous ne pouvons pas gagner la bataille de l’acétamipride, nous devons pousser d’autres leviers comme la génétique. Je ne serai pas surpris que d’ici deux à trois ans, nous arrivions déjà avec un renouveau génétique conséquent », veut croire Laurent Guerreiro. Alors que les semences Deleplanque de betterave plafonnaient en France à 5 % de parts de marché en 2025, RAGT vise la barre des 15 %, voire des 20 %. L’objectif est le même sur le marché européen. « C’est une étape que nous devons franchir sous une échéance assez courte, et qui est accessible compte tenu de la génétique à notre disposition », assure le président de RAGT.

Ce dernier insiste, par ailleurs, sur le concept de « plasticité », sur lequel le groupe prévoit de communiquer au cours des prochains mois. Objectif : trouver un compromis entre performance des variétés dites « formule 1 », et d’autres moins performantes mais capables de faire face à des conditions de culture plus difficiles. Des recrutements ont déjà été effectués pour développer ce sujet.

Une marque unique dès l’été 2026

D’ici là, l’heure est à la finalisation de l’intégration des équipes des deux entités. Celle-ci doit aboutir au regroupement de tous les produits proposés par Deleplanque et Strube sous une seule marque commerciale RAGT dès le 1er juillet 2026, et les semis de 2027. L’intégration progressive de la marque RAGT dans la filière betteravière s’appuiera sur « la forte notoriété en blé tendre et colza dans la moitié Nord de la France », explique le groupe.

Les 150 M€ de chiffres d’affaires de Deleplanque ont permis à RAGT d’atteindre les 500 M€. Mais l’objectif financier affiché par le groupe aveyronnais est bien plus important, à savoir passer la barre symbolique du milliard d’euros en 2035. « Cela doit nous permettre de rester dans la course, de maintenir notre indépendance et d’avoir accès aux meilleures technologies du marché », conclut Damien Robert, le directeur général de RAGT-Semences.

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(1) Deleplanque, qui était uniquement distributeur et multiplicateur de semences avait racheté le sélectionneur allemand Strube en 2018.