La salle était comble, le 3 septembre, pour l’assemblée générale de la CGB Île-de-France à Grandpuits-Bailly-Carrois (Seine-et-Marne). Dans un contexte de forte inquiétude sur l’avenir de la filière, les échanges ont été souvent vifs entre les 200 planteurs ayant fait le déplacement et Hervé Durand, délégué ministériel pour les alternatives aux produits phytopharmaceutiques dans les filières végétales, invité à intervenir lors d’une table ronde. Ce dernier a notamment estimé que la filière n’était pas dans une situation d’impasse. « Vous ne pouvez pas dire ça, a immédiatement réagi Cyrille Milard, le président de la CGB Île-de-France. La jaunisse a touché toutes les régions, et nous nous interrogeons sur les réelles alternatives à l’acétamipride existantes. L’État avait dit : pas d’interdiction sans solution, ce n’est pas le cas. »

Particulièrement virulente dans la région, la jaunisse a en effet fragilisé les cultures, dès l’apparition des premiers symptômes le 10 juillet. Néanmoins, les rendements devraient « être sur une moyenne haute, qui cachera cependant une grande hétérogénéité, avec des variations de 59 à 100 t/ha, selon nos prélèvements », résume Milène Grapperon, la directrice de la CGB Île-de-France. La prudence est donc de mise, après la récolte 2024 qui s’était illustrée par un rendement à l’hectare en dessous de la moyenne des 5 dernières années, hors 2020 (70t/ha à 16°) et des richesses très basses. « Un prix de betterave, entre 30 et 35 € la tonne, ne sera pas suffisant pour couvrir les coûts de production si nous sommes sous les 85t/ha », prévient Cyrille Millard. Dernier signal préoccupant : le recul du nombre d’exploitations betteravières, mais aussi celui des surfaces, à hauteur de 34 % entre 2017 et 2023. « Ces évolutions reflètent les difficultés de la filière », pose Milène Grapperon. Le rebond observé entre 2023 et 2024 de 14 % (+ 4 500 ha), en raison des bons prix de la betterave à cette période, a déjà été grignoté entre 2024 et 2025 (- 1 300 hectares).

Rachat et fermeture

En marge de ces inquiétudes, les échanges ont permis de faire le point sur la récente renconfiguration du paysage industriel francilien. Le rachat par Cristal Union de la sucrerie Lesaffre frères à Nangis a été officiellement validée le 29 août par l’Autorité de la concurrence. Cristal Union est désormais l’unique actionnaire de la sucrerie, après que Tereos a cédé l’ensemble de ses parts en juin.

Une nouvelle rassurante pour la filière, après l’arrêt prématuré de la sucrerie d’Ouvré à Souppes-sur-Loing, en octobre 2024, et l’annonce de sa fermeture définitive en janvier dernier. Un contrat de partenariat a été noué avec Cristal Union, et les échéances de paiement ont été respectés, avec une dernière date fixée au 31 janvier 2026, pour le solde de prix 2024.