Les agriculteurs livrant l’usine Mousline de Rosières-en-Santerre (Somme) ont reçu mi-juillet, un courrier leur annonçant la modification de leur contrat à prix fixe. « 90 % des volumes engagés leur seront payés au prix de contrat. Les 10 % restants et les 5 % de flexibilité seront eux moins payés et collectés au bon vouloir de l’industriel. La baisse globale sera d’environ 25 €/t », s’insurgeait dans les colonnes de La Pomme de terre française, Jean-Luc Guyon, président du GPM.

De son côté, Mousline justifie sa décision par des ajustements nécessaires dus à un contexte économique difficile, marqué par une diminution de la consommation et une renégociation à la baisse des prix de vente auprès de la grande distribution.

14 semaines de produits en stock

« Nous avons terminé la campagne 2024-2025 avec 14 semaines de produits finis en stock dans l’usine. Ce n’est pas neutre en termes de trésorerie. Malgré cela, nous avons acheté l’ensemble des pommes de terre sans rechigner, tient à souligner le PDG de Mousline, Philippe Fardel. Nous avons subi une hausse très importante des prix des matières premières, puisque l’impact des achats de pommes de terre représente plus de 10 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros. Dès 2022, il y a eu une augmentation très forte du prix des contrats, tiré par les industriels de la frite, avec les trois gros projets de Clarebout, Ecofrost et Agristo. » L’année dernière encore, Mousline se battait pour sécuriser ses approvisionnements face aux industriels de la frite, qui recherchaient 1,5 million de tonnes de pommes de terre supplémentaires dans la région. Puis, la demande sur le marché de la purée a fortement diminué avec le printemps chaud. « On s’est retrouvé assez rapidement avec des volumes de stock élevés ».

Clause de flexibilité

Le PDG de Mousline rappelle que les contrats 2025-2026 ont été négociés fin décembre-début janvier. Le contrat Mousline contient une clause de flexibilité servant traditionnellement aux agriculteurs, qui doivent livrer au moins 90 % du contrat. En cas de mauvaise campagne et d’impossibilité à livrer au-dessus des 90 %, ils n’ont pas d’obligation. « Nous sommes donc partis de cette clause de flexibilité, poursuit Philippe Fardel. Mousline s’engage à prendre 90 % au prix du contrat. C’est quasiment 200 € la tonne, quand on peut trouver des pommes de terre à 15 € sur le marché. Et on s’engage à prendre les 10 % restants, mais on a revu le prix du contrat flex avec un prix de 50 € la tonne pour une livraison entre aujourd’hui et le 31 décembre, 75 € la tonne entre janvier et avril 2026 et 100 € la tonne d’avril à juin ». Si l’usine a besoin de pommes de terre supplémentaires au-dessus de 100 % du contrat, elle les prendra au prix du spot.

« Nous sommes dans la philosophie du contrat, justifie Philippe Fardel. C’est beaucoup moins contraignant que ce que l’on entend en ce moment par ailleurs. »

Quels contrats pour 2026-2027 ?

« L’esprit, c’est de continuer à avoir des contrats avec une couverture entre 70 et 80 % et de continuer à travailler sur du long terme avec des agriculteurs. Le prix devra être renégocié, ce n’est pas possible de continuer comme cela », conclut le PDG de Mousline.

Les futures négociations avec les agriculteurs risquent d’être tendues.

Mousline, seule marque de purée en flocons

La célèbre marque de purée déshydratée, qui a fêté ses 60 ans en 2023, a été achetée à Nestlé par le fonds d’investissement français FNB (spécialisé dans les PME de l’agroalimentaire) en octobre 2022. Mousline reste la seule marque de purée en flocons sur le marché français, Flodor et Vico ayant disparu. Avec 70 % de parts de marché en valeur et 59 % en volume, l’entreprise picarde se bat contre les marques de distributeurs (MDD).

« Vous trouvez de la Mousline, d’Athènes jusqu’à Amsterdam en passant par l’Espagne, l’Italie, la France et l’Angleterre », annonce Philippe Fardel.

L’entreprise fournit aussi d’autres industriels de l’agroalimentaire. Le flocon de pomme de terre entre dans les plats cuisinés, l’élaboration des soupes ou la production des gnocchis.