En France et à l’ouest de l’Europe, les populations de souches de mildiou sont majoritairement clonales, contrairement au Nord et à l’Est de l’Europe où elles sont sexuées. Chaque année, le réseau Européen de phénotypage publie la répartition en pourcentage des lignées clonales de P. infestans (36_A2, 43_A1…). Celle-ci évolue rapidement.

En 2024, les populations de EU36_A2 sont majoritaires dans toute la France. Les populations EU43_A1 progressent vers le centre et l’Ouest. Les EU45_A1 se maintiennent dans les différentes régions de production, sauf en Bretagne. D’autres populations se maintiennent en faible proportion (lignées EU39_A1, EU44_A1, EU13_A2 et EU37_A2).

Toutes ces évolutions permettent de mieux appréhender la résistance variétale et la résistance du mildiou aux matières actives. Elles servent aussi à actualiser les OAD comme Mileos.

Mais il n’existe pas de correspondance absolue entre l’appartenance à une lignée clonale et le caractère de résistance à certains fongicides, constate Arvalis.

Prenons le cas de la lignée EU_37_A2. La plupart des individus de cette lignée sont résistants au fluazinam et sont les seuls à l’être. Dans cette situation, le suivi de la lignée fournit une estimation assez juste de la fréquence des individus résistants.

Mais dans d’autres cas, des individus résistants appartiennent à plusieurs lignées clonales. C’est le cas pour la résistance à l’oxathiapiproline (contenu dans le Zorvec). Le suivi d’un génotype en particulier ne permet pas de suivre le caractère de résistance. Il faut alors détecter la séquence mutée pour évaluer la fréquence de la résistance dans la population.

Cette connaissance permet d’affiner les préconisations pour maintenir l’efficacité des différentes matières actives (alternance des fongicides, utilisation en combinaison avec d’autres matières actives… )

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*Une lignée clonale est un ensemble de souches partageant un génotype identique ou très proche, car elles descendent toutes d’un même ancêtre par reproduction asexuée (clonage).

ADAPTER LA LUTTE CONTRE LE MILDIOU AUX ÉVOLUTIONS CLONALES

Les résistances du mildiou à certaines matières actives évoluent. Arvalis fait le point sur les performances des produits.

Bonne nouvelle. Le Métalaxyl redevient efficace contre le mildiou. Suite à la diminution de son emploi, les lignées résistantes à cette matière active (principalement 13_A1) ont reculé. Mais attention à bien l’utiliser en association pour éviter la résistance à nouveau.

La molécule Oxathiapiproline est très efficace, très rémanente mais très sujette à la sélection de résistance, alerte l’institut. Il est indispensable de toujours appliquer le Zorvec, qui contient cette molécule, avec un partenaire. Et en alternance. Le risque sinon est de se priver d’une molécule très efficace.

De même, la mandipropamide, famille des CAA (spécialité Revus) doit être utilisée en alternance avec d’autres matières actives de mode d’action différent et jamais seule dans un programme.

L’ajout de phosphonate de potassium (2 l de Pygmalion/ha) permet de réduire l’utilisation de fongicides. En diminuant la pression sélective sur les pathogènes, il limite le développement de résistances. Il altère la formation de sporanges et la germination des spores tout en stimulant la défense des plantes. A noter, qu’il est inutile de raccourcir la cadence de traitement en cas de réduction de dose associée au Pygmalion.

Le cuivre garde son intérêt dans la gestion des résistances aux fongicides, grâce à son action multi-site. Mais sur variété sensible dans une année à pression, il n’est pas suffisant seul. Il faut l’utiliser en association ou alternance avec des fongicides conventionnels. Sur variété intermédiaire, il offre un niveau de protection convenable. Dans tous les cas, il faut prendre en compte le lessivage !

Les variétés moins sensibles au mildiou restent peu utilisées !

Malgré la performance de certaines variétés vis-à-vis du mildiou, 85 % des variétés emblavées en France sont sensibles (note moyenne de 4). Cette homogénéité génétique est favorable à la propagation du mildiou et demande une protection fongicide conséquente.

Pourtant, les expérimentations menées par Arvalis montrent que le levier variétal est majeur dans la protection contre le mildiou. Il doit être combiné avec les leviers biocontrôle et fongicide. Cette solution permettra de maintenir l’efficacité de la protection, même en contexte de résistance aux fongicides.

L’alternance des modes d’action des fongicides reste indispensable, dans tous les cas, pour préserver l’efficacité des molécules. Ne pas la respecter entraînerait la montée des résistances aux fongicides, avec une perte d’efficacité.