« La campagne 2024-2025 a été exceptionnellement saine pour la partie maladie des protéagineux, rappelle Bastien Remurier, ingénieur référent national protéagineux chez Terres Inovia. Même dans les zones où quelques foyers ont été observés, les stratégies de protection que nous recommandons ont montré leur efficacité. Par conséquent, les conseils établis pour 2024 demeurent valables en 2025. »

Cependant, une vigilance particulière s’impose face au colletotrichum. « C’est un pathogène récent, qui a réellement fait de gros dégâts sur les pois à partir de 2023 et surtout en 2024, observe l’ingénieur de Terres Inovia. La maladie s’est alors généralisée. Ce champignon devient désormais la principale préoccupation sanitaire sur la culture. » Sur ces deux dernières campagnes, le colletotrichum s’associait souvent au sein d’un complexe de maladies pouvant comprendre la bactériose et Ascochyta pisi. Cependant, c’est bien Colletotrichum sp. qui dominait, d’où l’orientation des stratégies à son encontre.

Miser sur les variétés tolérantes et semer fin novembre

La première ligne de défense contre les maladies repose sur le choix variétal. Terres Inovia souligne l’intérêt des variétés récentes. Elles présentent de bons comportements face aux pathogènes à travers différents traits agronomiques : résistance au froid, vigueur en sortie hiver… (voir BF 1205 p 22)

Au-delà du matériel génétique, la date de semis conditionne directement la santé de la culture. Bastien Remurier recommande « d’éviter de semer les pois trop tôt, c’est-à-dire fin octobre, tout début novembre ». En effet, le stade des plantes sera trop avancé avant l’hiver, ce qui augmente le risque de gel puis d’infections. « Les meilleurs semis sont ceux de fin novembre », ajoute-t-il.

La profondeur de semis joue également un rôle dans la robustesse du pois face aux maladies. Un enfouissement suffisant (5 à 6 cm) protège l’épicotyle (zone la plus sensible) des lésions de gel, principales portes d’entrée du colletotrichum. Le guide Conduite du pois 2025 de Terres Inovia rappelle aussi que le semis trop dense accroît le risque de maladies aériennes et de verse.

Intervenir tôt en sortie d’hiver avec une triazole

Une surveillance attentive des parcelles est nécessaire en sortie d’hiver. Colletotrichum peut débuter son cycle dès 5 °C. « Vu qu’il peut démarrer très rapidement, il faut être prêt à intervenir dès fin février au stade 4 à 5 feuilles minimum si présence de symptômes », précise Bastien Remurier. La maîtrise de la pression fongique aura un impact indirect sur la maîtrise du risque de bactériose potentiel. En effet, cette maladie profite de la pression du Colletotrichum sp. pour proliférer.

Le programme repose sur les triazoles, à alterner : Sunorg Pro (0,8 l/ha) ou Prosaro 0,8 l/ha. L’association avec une strobilurine (azoxystrobine) telle Amistar (0,4 l/ha) est possible, mais « il faut toujours une base triazole qui montre une meilleure efficacité contre la maladie », complète Bastien Remurier. En mélange avec l’azoxystrobine, la dose de triazole est alors ramenée à 0,6 l/ha.

En pratique, deux applications suffisent en cas de pression moyenne, la seconde est alors positionnée au début de la floraison. Si la maladie persiste en lien avec un climat favorable, un troisième traitement peut se positionner entre ces 2 traitements ou 15 jours après le début de la floraison, selon l’évolution des symptômes. Le guide pois propose un schéma précis de positionnement, à adapter en fonction des conditions climatiques et de la dynamique de la maladie.

Repérer colletotrichum sp.

En sortie d’hiver, le champignon colletotrichum se manifeste par des nécroses claires bordées de noir, qui s’étendent en « coulures » sur les organes.

Sur gousses, les symptômes plus âgés prennent une teinte saumon caractéristique.