Après une année 2024 catastrophique, les rendements au dessus de la moyenne cette année (8 à 9 t/ha de blé, 5 à 6 t/ ha d’orge de printemps et 4,3 t/ha de colza) ne suffisent pas pour vivre décemment et financer la prochaine récolte 2026.
Dans la Marne, le résultat courant par hectare oscillerait entre 0 € et 100 € (aides Pac comprises) selon Olivier Josselin, responsable « filières et références » au centre de gestion d’AS entreprises 51. Comparé à l’an passé, il s’est redressé de seulement 45 €/ha en Champagne crayeuse et de 220 €/ha à 270 €/ha à la périphérie (Brie, Argonne, Champagne humide). Aussi, le disponible pour prélèvements privés est respectivement de 110 €/ha et de 190 à 220 €/ha.
Il s’agit de moyennes. Plus de la moitié des exploitations dégageront un résultat négatif cette année encore.
Ces prévisions d’AS entreprises 51 reposent, entre autres, sur des prix de campagne sortie ferme moyen de 175 €/t de blé, 33 €/t de betteraves sucrières et 420 €/t de graines de colza. Et elles sont transposables dans d’autres départements du grand bassin parisien.
Toutefois, la situation varie d’une exploitation à l’autre selon l’assolement, l’actif à amortir et les décisions d’achats-ventes prises la campagne passée.
« Dans la Marne, les écarts de revenus entre la Champagne crayeuse et ses régions périphériques, habituellement observés, ne sont pas significatifs cette année », souligne Olivier Josselin.
La faiblesse des prix des céréales à paille affecte davantage les planteurs champenois, moins impactés en 2024 par la chute catastrophique des rendements céréaliers constatée dans d’autres régions naturelles. Les cours des grains de la campagne annihilent en grande partie les gains de rendement. Le chiffre d’affaires par hectare de blé a certes progressé de 17 % comparé à l’an passé mais, dans les régions naturelles périphériques, il a crû de 27 % car le rendement a entretemps augmenté de plus de 40 %.
Marges nettes de la betterave : 212 €/ha
Dans l’ensemble du département, les bons rendements de colza (4,3 t/ha ; + 34 % sur un an) ont largement compensé le repli de 7 % du cours de la graine (420 €/t). A contrario, la baisse des prix des betteraves n’épargnera aucun planteur et représentera une baisse du chiffre d’affaires de 750 € à 800 €/ha en moyenne, que les autres cultures ne parviendront pas à compenser.
À l’échelle d’une exploitation champenoise type, le chiffre d’affaires par hectare en 2025 (2 140 €/ha) serait inférieur à l’an passé de 40 €/ha, alors qu’en périphérie, l’augmentation est de 200 €/ha (1 900 € /ha). Ces hausses sont intégralement répercutées sur le résultat courant, puisque les charges se sont stabilisées à un niveau très élevé (supérieur de 25 % à 2020). Toutefois, les marges nettes (rémunération du travail compris) des céréales à paille restent négatives (-139 €/ha). Celle de colza (249 €/ha ; +570 €/ha sur un an) et de luzerne (190 €/ha ; +214 €/ha) se sont nettement redressées. Quand la culture de betteraves sucrières voit la sienne chuter de 806 €/ha à 212 €/ha.