Installée depuis trois ans à Courjeonnet, dans la Marne, Mélanie Genty incarne une nouvelle génération d’agricultrices. Aux côtés de son conjoint, producteur de céréales et de betteraves, elle a choisi une voie originale de diversification : le maraîchage en aquaponie et la production de spiruline. « L’idée est venue de mon beau-père, raconte-t-elle. Il cherchait une solution pour valoriser la chaleur issue du méthaniseur ». Séduite par le projet, elle se forme à la production de spiruline et à l’aquaponie. « J’apprends encore tous les jours », confie-t-elle. Pour Mélanie, cette diversification répond à un double objectif : trouver sa place au sein de l’exploitation et boucler la boucle énergétique en utilisant une source de chaleur locale pour produire autrement. « C’est une continuité logique », précise-t-elle.
Des paramètres à surveiller de près
Pour produire de la spiruline, la jeune femme dispose de quatre grands bassins de 40 mètres de long abrités sous serre. Ils bénéficient de la chaleur produite par l’unité de méthanisation pour maintenir une température de l’eau comprise entre 27 et 30°C, condition essentielle à la croissance de la microalgue. Au quotidien, Mélanie surveille plusieurs paramètres : la température de l’eau, le pH (la spiruline pousse en milieu alcalin) et la densité de la microalgue. Ces paramètres sont essentiels à la bonne croissance de la spiruline toute comme la richesse en nutriments, notamment en magnésium.
Une fois ces conditions réunies, l’ensemencement peut avoir lieu. Ensuite, la photosynthèse rentre en jeu : la spiruline se multiplie et peut être récoltée trois à quatre semaines plus tard. Après la récolte, la microalgue se remultiplie pour être récoltée à nouveau. Selon les années, le rendement atteint 300 à 500 kg par saison pour l’ensemble des quatre bassins.
Une récolte encore artisanale
« Pour décider de la date de récolte, j’utilise un secchi, un outil qui calcule la densité de la spiruline, explique Mélanie. Elle doit être ni trop élevée, ni trop faible ». Lorsque le moment est opportun, l’eau est pompée et filtrée à l’aide d’une récolteuse qui retient la spiruline et renvoie l’eau dans les bassins. Le filtrat, sorte de pâte très humide, est transféré dans une valise de pressage pour en extraire l’eau résiduelle. « On obtient une texture proche de la pâte à modeler, poursuit l’agricultrice. Elle est ensuite passée dans un poussoir pour former des spaghettis qui seront séchés puis transformés sous forme de paillettes, de poudre ou de comprimés ». Mélanie aimerait mécaniser la récolte pour gagner en efficacité.
La spiruline, un concentré de bienfaits
Riche en vitamines, en oligo-éléments, en minéraux et en nutriments, la spiruline est reconnue pour ses nombreuses vertus. Elle présente notamment des bienfaits pour les cheveux, la peau, les ongles et contribue au renforcement immunitaire. « C’est un complément alimentaire, pas un médicament, précise l’agricultrice. Certains le consomment toute l’année, d’autres préfèrent faire des cures à raison de 3 à 5 grammes par jour pendant un à trois mois pour en ressentir les effets. »
La spiruline se retrouve aussi dans des produits dérivés : bière, jus de pommes, herbes aromatisées, etc. Mélanie commercialise ses produits sous la marque La ferme des MP, labellisée Made in Marne et Bienvenue à la ferme. En 2025, elle a reçu le prix Jeunes talents du tourisme en Champagne. « Nous souhaitons rester une entreprise à taille humaine, indique-t-elle. Je reçois des visiteurs et des écoles pour faire la promotion de mon exploitation et de mes produits. Cela me suffit ». Il faut souligner qu’en parallèle, Mélanie est productrice de légumes et de plantes aromatiques en aquaponie. Le travail ne manque pas. « Si besoin, mon conjoint m’aide, mais il préfère ses champs. Chacun sa partie », conclut-elle en souriant.





