« Nous avons 1001 raisons d’investir dans le sorgho » : c’est ce qu’annonçait toute la filière du sorgho lors du congrès organisé par Sorghum ID le 8 et 9 octobre 2025. Grâce à son système racinaire profond, le sorgho résiste particulièrement bien au stress hydrique. Cyrille Schweizer, conseiller aux affaires agricoles en poste à l’Ambassade de France, a insisté : « le sorgho n’est pas une plante miracle, mais elle continue de croître là où d’autres cultures s’arrêtent. »
« Sans mycotoxines et souvent plus riche en protéines que le maïs, elle intéresse autant les agriculteurs que les transformateurs », a ajouté Norbert Somogyi, chef du bureau de la coopération internationale auprès de la présidence à l’université Szeged (Hongrie). Il rappelle également que son cycle plus court et sa rusticité en font une culture utile, surtout dans les régions où le maïs est plus vulnérable. Les sorghos précoces et très précoces nécessitent entre 1 750 et 1 850 degrés-jours cumulés pour compléter leur développement. Le semis doit se faire dans un sol suffisamment chaud, autour de 12 °C, et dans des conditions favorables à la levée. Enfin, récolter avec une humidité supérieure à 15 % peut engendrer des frais supplémentaires liés au séchage.
Une progression mesurée en Europe
En Europe et dans les pays voisins, le sorgho occupe aujourd’hui environ 650 000 hectares, avec une production de 1 million de tonnes en 2024, en hausse de près de 10 % par rapport à l’année précédente. La France, la Hongrie et l’Italie concentrent l’essentiel des surfaces.
Les variétés se sont multipliées, avec près de 400 hybrides disponibles pour des usages variés : alimentation animale, farines sans gluten ou biomasse pour la méthanisation. « L’intégration dans les rotations est facile car le sorgho peut être semé et récolté avec le matériel déjà utilisé pour le maïs », affirme Norbert Somogyi.
En France, le sorgho reste concentré dans le Sud, mais l’intérêt s’étend à d’autres régions. Les rendements constatés sur les parcelles non irriguées sont de l’ordre de 6 à 7 tonnes de grain par hectare. Dans les zones betteravières, il pourrait devenir un outil intéressant pour diversifier les rotations et sécuriser la production sur les parcelles les plus sensibles au manque d’eau. « Le climat change, nos repères bougent, et le sorgho s’adapte plus vite que nous. », résumait Martin Gomez, Chargé de promotion internationale à la FNPSMS (Fédération nationale de la production de semences de maïs et de sorgho). Reste désormais à structurer la filière et à assurer des débouchés stables pour que le sorgho trouve pleinement sa place dans les rotations françaises.