Avec 18,5 % de part de marché de la protection des cultures en France, estimé sur une base totale des ventes 2025 (réalisée à hauteur de 68 %), BASF se situe en deuxième position. Malgré un recul global du marché (produits conventionnels, utilisables en bio et de biocontrôle) de près de 6 % depuis 2023, le groupe consolide ses parts grâce à une transformation profonde. « Nous visons une croissance de 10 à 15 % d’ici à 2030 », précise Jean-Jacques Pons, directeur général de BASF France – Division Agro. Cette progression, portée par le portefeuille d’innovations, permettra surtout de compenser les pertes liées aux retraits progressifs de nombreux produits et à la concurrence accrue des génériques, qui pèsent également sur le chiffre d’affaires. Toutefois, les produits phytosanitaires conventionnels resteront majoritaires, représentant 70 à 80 % de l’offre BASF. D’ailleurs, près de la moitié des innovations issues de cette gamme arriveront sur le marché à court et moyen terme. En attente d’homologation : un herbicide pour céréales et un insecticide contre les pucerons sur betteraves, colza et pommes de terre. Les blés hybrides sont attendus pour 2030 et l’entreprise travaille sur le colza. En parallèle, BASF poursuit le développement du biocontrôle.

Cette évolution s’inscrit dans une démarche durable fondée sur l’innovation. Elle englobe également la réduction des impacts, la préservation des ressources naturelles et l’accompagnement avec 36 partenariats conclus en 2025. Ces axes structurent la feuille de route agroécologique de l’entreprise mise en place en 2020.

Décarboner en combinant les outils

Lucie Meyer, responsable du développement durable, rappelle également l’objectif de décarbonation : « réduire de 30 % les émissions de CO₂ par tonne récoltée d’ici à 2030. »

En France, l’entreprise a conduit 11 essais sur 2 ans pour tester un itinéraire bas carbone combinant un outil digital d’ajustement de la dose d’azote et Limus Perform (inhibiteur d’uréase). Résultat : -17 % d’émissions de GES et +0,7 q/ha de rendement, avec le maintien de la marge semi-brute laquelle intègre le coût de la protection fongicide et le coût de l’azote (dose, OAD, inhibiteur). Ces essais, menés dans des situations climatiques contrastées (pluviométrie élevée en 2024, printemps sec en 2025), se poursuivront en 2026 avec un focus sur de nouveaux inhibiteurs de nitrification. Depuis 2024, BASF collabore aussi avec Foodpilot pour proposer un outil de pilotage durable intégrant AgBalance, sa solution d’analyse certifiée du cycle de vie, afin d’aider les acteurs agricoles à réduire leur empreinte environnementale sans sacrifier la rentabilité.

Le numérique moteur de performance agricole

La plateforme numérique xarvio Field Manager couvre désormais les céréales, les betteraves, les pommes de terre et la vigne. En grandes cultures, elle a permis de réduire de 59 % l’IFT fongicide tout en maintenant la rentabilité. L’offre xarvio Healthy Fields, fondée sur l’économie de la fonctionnalité, atteint 99 % de réussite, c’est-à-dire d’hectares de blés sains sur 30 000 hectares pilotés. Une surface appelée à doubler dès 2026.