En 2024, plus de la moitié des planteurs ont eu recours à une entreprise de travaux agricoles (ETA), révèle une enquête la CGB Centre-Val de Loire, réalisée au printemps 2025 auprès de ses adhérents. Les réponses de 97 planteurs, répartis sur l’ensemble de la région betteravière, permettent de dresser un état des lieux de l’organisation et du parc de matériel consacré aux récoltes des betteraves.

Le coût des prestations par ETA varie considérablement selon les options retenues. Le tarif de base moyen se situe autour de 315 €/ha avec une intégrale et 250 €/ha avec une automotrice. Les coûts totaux observés dans l’enquête varient de 245 €/ha à 477 €/ha.

Les principales problématiques concernent les conditions climatiques, citées par 35 % des planteurs qui arrachent avec leur propre machine. Cette contrainte est citée à 21 % par les planteurs qui font appel à une ETA. Vient ensuite la dégradation de la structure du sol, qui est le premier frein cité par les planteurs délégant l’arrachage à une ETA (31 %), alors qu’ils sont 21 % à soulever cette problématique quand ils récoltent avec leur propre machine. Les ETA sont en effet plus impactés par la dégradation des sols, du fait des prestations réalisées à 90 % avec des intégrales. À l’inverse, les planteurs ayant leur propre matériel sont davantage contraints par les conditions climatiques et le besoin en main-d’œuvre.

La question des coûts (matériel et prestation) revient dans 16 % des situations, tandis que la contrainte « besoin en main-d’œuvre » est plus fréquente pour ceux qui arrachent avec leur propre machine (18 %) que ceux qui font appel à une entreprise (8 %).

Enfin, quand on leur demande quelles sont les perspectives d’ici 5 à 10 ans, les tendances qui se dessinent sont la généralisation des intégrales et une logique de prestations des ETA toujours plus intégrée.

« Un chantier autonome 24 heures sur 24 permet de réduire les coûts »

Félix Richard, gérant de l’Entreprise Prest’Agri

Les ETA subissent une forte pression sur leurs marges, constate l’entrepreneur de travaux agricoles situé dans le Centre-Val de Loire. L’entreprise Prest’Agri opère avec trois arracheuses intégrales Ropa : deux Panther 2S et une Tiger 6S. Les arracheuses sont adaptées aux conditions locales de « terre lourde », avec des roues Opel. Une machine est même équipée d’un système à eau, tandis que deux autres disposent de tables à rouleaux chauffantes. « L’amortissement requiert une surface comprise entre 450 et 500 hectares. Les agriculteurs qui arrachent encore eux-mêmes utilisent du vieux matériel. Lorsque celui-ci deviendra hors d’usage, deux options se présenteront : l’arrêt de la culture ou le recours à une ETA », déclare Félix Richard.

Le tarif appliqué par l’ETA est de 340 € par hectare pour l’arrachage seul ; il a été récemment augmenté pour répercuter l’investissement dans des machines neuves.

« Le prix du matériel a augmenté de 40 % en 15 ans. Notre marge est très sensible au volume : à 400 hectares, il ne reste rien. Le débit de chantier n’a pas évolué. Le seul moyen de réduire les coûts d’arrachage serait de maximiser l’utilisation du matériel en le faisant tourner un chantier autonome 24h sur 24 et porter la surface par machine à 800 ou 900 hectares. Cela implique de prendre en charge l’intégralité du chantier : arrachage et débardage. »

Selon l’entrepreneur, cette prestation complète pourrait être proposée à un tarif proche de celui de l’arrachage seul, grâce à l’écrasement des charges fixes. Mais ce modèle se heurte à la réticence des agriculteurs à déléguer entièrement la récolte. « Ils veulent conduire leur tracteur et leur benne pour garder un œil sur le chantier. »