Les analystes restent toujours dans l’attente de la position des spéculateurs, pour évaluer l’importance de leurs positions vendeuses sur la situation actuelle du marché, et il est très probable qu’elles soient considérables.

Car les fondamentaux ne sont pas aussi alarmants que le niveau du marché pourrait le laisser penser. D’ailleurs, les dernières nouvelles du Brésil ont permis au sucre de suspendre sa baisse. Et pour cause : alors que le taux de canne que le centre-sud du pays allouait à l’éthanol affichait 48 % depuis le début de campagne, soit un taux historiquement faible, presque trois points de pourcentage de moins que l’an passé, il est fortement remonté lors de la seconde quinzaine d’octobre, à presque 54 %.

À noter également la nouvelle en provenance d’Inde, qui n’autorisera que 1,5 Mt de sucre à l’export – c’est moins que ce qui était anticipé. Et, à lire en détail le nouveau bilan mondial estimatif de l’ISO pour 2025-2026, paru le 17 novembre, les stocks mondiaux restent à un niveau historiquement bas : même en envisageant une progression très réduite de la consommation (+0,6 %), les stocks de sucre sur la planète, fin septembre 2026, atteindraient 52,7 % de la consommation mondiale. L’organisation mondiale du sucre précise que ce ratio n’avait jamais été aussi bas depuis 15 ans…

Bref, le pire n’est pas certain, mais les niveaux de prix actuels font peur. En Europe également : le marché du spot suit la tendance et se rapproche dangereusement des 400 €/t. Un marché spot qui, rappelons-le, est sans volume, et qui ressemble davantage à un thermomètre qu’à une valeur robuste. Mais l’effet est là, et les nouvelles concernant les baisses de surfaces annoncées dans l’Union européenne, le montrent. Cosun, aux Pays-Bas, annonce une baisse de surface de 10 % l’an prochain. Quant à Südzucker, il demanderait des baisses volontaires d’au moins 15 % en Allemagne, et imposerait – 25 % dans ses succursales belges et françaises.

À l’heure où ces lignes sont écrites, deux questions sont donc en suspens, l’une relative au marché européen, et l’autre au marché mondial. Comment réagira le marché mondial lors de la publication de la position des spéculateurs dans quelques jours, et comment les annonces de baisse de surfaces seront-elles accueillies par le terrain, et par le marché ?