« La filière betterave est devenue dépendante aux néonicotinoïdes à partir du moment où elle a souhaité se retirer d’une gestion des quotas betteraviers, a déclaré Benoît Biteau, agriculteur et député EELV, le 14 mai lors de l’étude de la PPL « Contrainte sur le métier de l’agriculteur » en commission du développement durable de l’Assemblée nationale. En libérant la production des betteraves, on a insisté sur la fertilisation azotée pour amplifier la production. Et que provoque la fertilisation azotée sur les betteraves ? Ça rend la plante turgescente, ça rend la plante extrêmement fragile aux attaques de champignons et aux attaques de parasites comme les pucerons, y compris les pucerons vecteurs de jaunisse nanisante. C’est précisément parce qu’on a voulu amplifier la production, qu’on n’a plus gérée la régulation de cette production, qu’on a vu apparaître des populations de pucerons extrêmement dramatiques. »
Benoît Biteau semble oublier que les betteraviers français ont lutté activement pour maintenir le régime des quotas qui leur était favorable. Par ailleurs, faut-il rappeler que les néonicotinoïdes sont utilisés en France depuis les années 90 alors que la fin des quotas date de 2017 ? Enfin, celui qui se présente au sein du milieu politique comme un « agronome » oublie de préciser que l’arrêt des quotas n’a eu aucun impact sur la fertilisation des betteraves et que l’augmentation de la fertilisation au-delà des préconisations de l’ITB peut entraîner justement une baisse de la richesse des betteraves. Erreur, méconnaissance ou mensonge ?
Mais alors que faire selon lui pour protéger les betteraves de la jaunisse ?
Selon Benoît Biteau, « si on avait au contraire reculé sur la fertilisation azotée, on n’aurait pas rendu vulnérables ces cultures aux pucerons et on n’aurait pas créé un besoin d’utilisation des néonicotinoïdes », a -t-il expliqué aux députés présents. Et de continuer : « Ceux qui n’utilisent pas de néonicotinoïdes préservent les prédateurs des pucerons comme les chrysopes, qui sont des prédateurs très efficaces sur les pucerons. Quand on n’utilise pas de néonicotinoïdes, on a un réservoir de chrysope qui neutralise assez vite et de façon très efficace les pucerons », affirme le député.
Enfin, Benoit Biteau s’oppose donc à l’article 2 de la PPL qui autorise l’acétamipride sous condition : « présenter cet article-là comme un article qui viendrait soutenir et sauver les agriculteurs, c’est complètement illusoire. » Mais on peut légitimement se demander qui du rédacteur de la PPL ou de Benoît Biteau est le grand illusionniste.