Des spéculateurs nets-vendeurs de plus de 9 Mt de sucre… Si on regarde 15 ans en arrière, cela n’est arrivé que deux fois : en 2019, et la semaine dernière ! Il y a 6 ans, cela avait conduit le sucre brut sous les 12 cts/lb. La semaine dernière, il est resté au-dessus des 15 cts/lb… Les optimistes diront donc que, aujourd’hui, le sucre résiste bien ! Et l’évolution du sucre raffiné, toujours moins attaqué par les spéculateurs, semble le prouver : il reste au-dessus de 485 $/t. La prime de blanc (la différence entre le sucre raffiné et le sucre brut) frôle ainsi les 140 $/t : c’est 40 % de plus que sa moyenne, depuis le début de la campagne. Un signe que la demande pour du sucre directement utilisable reste là… ?
Le changement de terme prochain peut modifier les tendances, car le sucre de la nouvelle campagne indienne sera alors disponible : les termes cotés les plus proches ne seront plus octobre 2025, mais décembre 2025 pour le sucre raffiné et mars 2026 pour le sucre brut. Mais les prévisions indiennes restent incertaines. D’un côté, les opérateurs commerciaux souhaitent obtenir des licences d’exportation du gouvernement en promettant une belle campagne mais, de l’autre, de nombreux analystes se souviennent que le débouché éthanol est, d’année en année, de plus en plus sollicité… Sur les 35 Mt de sucre produites, le pays en utilisera-t-il 5 Mt à des fins éthanolières, comme la tendance le laisserait penser, ou une valeur plus proche des 3 Mt, comme certains l’anticipent ?
Une telle différence peut modifier la donne, car sa valeur correspond, finalement, au surplus mondial, selon S&P : +2,3 Mt sur la campagne 2025-2026. L’ISO est bien plus frileuse et anticipe une campagne à l’équilibre (-0,2 Mt). Dès lors, la position extrême des spéculateurs pourrait désormais être haussière pour le marché : un changement dans leur perception du marché pourrait changer la tendance… D’autant que les stocks mondiaux sont au plus bas : on aurait, fin septembre, 38 % de notre consommation annuelle en stock, selon S&P. Cela n’a jamais été aussi bas depuis 10 ans…
En Europe, l’attentisme prévaut : le spot se maintient, dans l’attente d’estimations fiables sur la campagne qui ouvre… et d’une lecture plus claire des tendances du marché mondial ?