« La production ne couvre pas les besoins des producteurs de pommes de terre de consommation ou contractualisées, déplore Pierre Lebrun, secrétaire du Groupement wallon des producteurs de plants de pomme de terre (GWPPPDT). Aussi, le pays importe chaque année l’essentiel des plants certifiés utilisés ».

Depuis 2023, la conjoncture motive les producteurs belges de plants à réaugmenter leur superficie. Les contrats réévalués prennent davantage en compte le risque que représente leur culture. La superficie est de l’ordre de 1 000 ha en Wallonie, puisque quelques nouveaux planteurs se sont lancés dans la production. Mais elle reste inférieure aux 1 200 hectares cultivés il y a encore 5 à 10 ans.

Entre-temps, les planteurs s’étaient en partie détournés de l’activité, quand ils n’avaient pas abandonné la culture. Certains avaient opté pour la culture de pommes de terre de transformation, plus rémunératrice.

Sur leur exploitation, « les planteurs prennent soin de diversifier leurs cultures en dédiant une partie de leur superficie de plants à des variétés d’export », rapporte Pierre Lebrun. Elles permettent d’étaler les travaux de triage, de conditionnement et d’expédition sur l’automne et l’hiver. Euroseeds et Binst Breeding Selection sont les principales sociétés exportatrices de plants vers le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient. Le reste de la production est destiné aux marchés domestiques ou proches. Ces plants sont alors livrés au printemps, à la période de plantation.

Représentation interprofessionnelle

À Bruxelles, les planteurs wallons sont représentés au sein du groupe informel ESPG (European Seed Potato Growers group). C’est un lieu de rencontre et d’échanges où des sujets communs à l’ensemble des planteurs sont traités. Ainsi, les producteurs wallons ne sont pas isolés. Mais les poids lourds sont la France, les Pays-Bas et l’Allemagne. Le groupe ne se réunit qu’occasionnellement. Quand un problème surgit, « nous n’hésitons pas à nous contacter pour le traiter ensemble et prendre une position commune », affirme Pierre Lebrun.

Le CRA-W (Centre wallon de Recherches Agronomiques de Gembloux) crée des variétés belges adaptées au climat et à son évolution (résistance mildiou, sécheresse, peu exigeantes en azote par exemple), qui sont proposées aux acteurs du secteur pour le développement technique et commercial. Les producteurs de plants sont aussi approchés par des sociétés hollandaises ou allemandes de commercialisation de plants, avec lesquelles ils contractualisent individuellement la production de plants.

« La certification est contrôlée par les autorités régionales (pour les critères de qualité et de commerce) et fédérales (contrôles phytosanitaires relatifs aux organismes de quarantaine) », explique Pierre Lebrun.

Mais en Belgique, la production plants est bien trop faible pour semer les 105 000 hectares de pommes de terre de consommation ou dédiés à la transformation. « Le pays importe la majorité des plants nécessaires. En 2024, année de pénurie, les producteurs de pommes de terre ont rencontré de très grandes difficultés pour être approvisionnés », souligne Pierre Lebrun.